vendredi 8 septembre 2023

[ CHRONIQUE ]



NORMA LOY 
Ouroboros 
CD/LP 
[ Manic Depression ]
17.02.23

Plus de quatre décennies que NORMA LOY distille une musique toute personnelle faite d'influences diverses. Ces amoureux du son et de la musique n'ont de cesse d'explorer, de retranscrire, de filtrer et de créer un univers musical unique. les protagonistes, amis d'enfance Usher et Chelsea ont décidé de former le groupe en 1981 avec comme premier fait d'arme, une reprise de The Stooges, 'I Wanna Be Your Dog'. L'univers de NORMA LOY lorgnera bien vite vers des musiques plus 'dark', dès 1983. A leur début, il fonderont leur propre label CPM (1984). Des pionniers de l'indépendance qu'ils conserveront d'ailleurs toute leur carrière.
Après une pause de quinze ans consacrée à d'autres projets, NORMA LOY réapparait en 2009 avec l'album 'Un/Real' puis plus récemment en 2016 avec l'imposant 'Baphomet', disque sombre et habité. On savait que le le duo travaillait sur un projet passionnant depuis des années et c'est finalement l'hiver dernier qu'est paru 'Ouroboros', un disque de passion et de partages. En effet, ce nouvel album de NORMA LOY propose douze reprises inspirées et inspirantes de titres chéris par Usher et Chelsea. C'est avant tout une plongée dans la culture et l'univers du groupe. C'est ensuite des relectures à la fois fidèles et personnelles de certains titres iconiques de la musique. Sur 'Ouroboros' on retrouve aussi bien The Velvet Underground que Minimal Compact ou Coil. Un panorama à la fois charmant, sombre et profond entre obscurité et lumière. 
Le texte qui présente le projet en pochette intérieur est à la fois explicatif et diablement poétique. Une plongée dans l'art de prendre et de donner.  Plongée qui débute avec la superbe reprise de 'Saeta' de Nico, un titre de 1981 remodelé tout en nuance et en mélancolie par un Chelsea à la voix chaude et profonde. Une partie de velours sombre et caressante. Le célèbre 'In A Manner Of Speaking' de Tuxedomoon qui suit gagne ici en mystère à travers le prisme de NORMA LOY
'Ouroboros' débute dans une douce atmosphère. Pourtant la suite se veut plus synthétique avec la relecture un brun chamanique du 'Venus In Furs' de The Velvet Underground. Une impressionnante progression sinueuse. Un titre souvent reprit, rarement aussi bien traité. Excellent moment de l'album. On connait l'amour de NORMA LOY pour Suicide et 'Touch Me', titre de 1980, lui rend un bel hommage agrémenté ici et là de sonorités nouvelles. Aussi à l'honneur, Leonard Cohen est reprit avec tendresse sur le récent et fidèle 'Leaving The Table'. Pour la suite, c'est l'aspect plus expérimental de Bowie que NORMA LOY décide de mettre en avant avec cette fantomatique recréation de 'Some Are', à la fois envoûtante  et glacante. C'est superbe. 
La reprise clin d'oeil est celle de 'Romance', l'excellent titre de leur propre premier EP en 1983. Plus catchy, 'Romance' s'en trouve revigorée. La relecture suivante est 'Next One Is Real' de Minimal Compact. L'ensemble très électronique est désossé pour ne retrouver que la colonne vertébrale du titre épuré à l'extrême. La face expérimentale de NORMA LOY s'y exprime totalement. Factrix, formation expérimentale moins connue de la fin des années 70 et à l'honneur avec le crépusculaire 'A Night To Forget', fabuleux titre pour une reprise dès plus réussie. Charbonneux et fiévreux. Dans la dernière partie de 'Ouroboros', NORMA LOY explore la face la plus expérimentale de leur héritage. Après Factrix, c'est au tour de Throbbing Gristle, d'être à l'honneur, pionniers de la musique industrielle à la fin des années 70, formation dans laquelle officiait notamment Genesis P.Orridge avec 'What A Day', titre extrait de leur album '20 Jazz Funk Greats' en 1979.  En fin de parcours, c'est l'inquiétant (plus encore ici) 'Up In Flames' provenant de la bande originale de 'Sailor Et Lula' composé par Angelo Badalamenti et David Lynch qui entraîne l'auditeur vers une sortie mise en musique par Coil et son fascinant 'Fire Of The Mind'. Ici NORMA LOY s'approprie réellement le titre pour le faire sien. La musique est nébuleuse, la chant habité et l'instrumentation au plus juste. 
Quelle superbe conclusion à un disque d'une inspiration et d'une véracité impressionnante. NORMA LOY à travers cette collection de reprises, prouve une fois encore son pouvoir créatif en incluant à son propre univers celui de ses artistes fondateurs.

[ FREUND ]

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