NORMA LOY
T-Vision
divine 1986
mercredi 29 juin 2016
mardi 28 juin 2016
[ ENTRETIEN ]
Seconde partie de l'entretien accordé par Chelsea et Usher. On y évoque l'image et les influences de NORMA LOY , la richesse et la diversité de leur univers et la place de l'album 'Attitudes' paru en 1991, soit dix huit ans avant que le groupe revienne sous la lumière.
[ NORMA LOY ]
Entretien Exclusif - Partie 2
FREUND : Concernant l'image du groupe à travers les pochettes et les textes, il semble que NORMA LOY soit à la croisée du spirituel, de l'exotisme et du sado maso. Fausse piste ? Revendiquez-vous certains de ces aspects de vos personnalités via le projet ? Peut être est-ce aussi un moyen de réveiller les consciences ?
CHELSEA : C'est tout à fait juste. Je ne vais pas m'étendre sur la spiritualité qui demanderait un développement qui outrepasserait le cadre de cette interview, je tiens juste à rappeler que pour moi la spiritualité est antagoniste avec l'idée de structure religieuse (un des instruments du contrôle). La spiritualité est une affaire.personnelle dont on peut débattre avec l'autre, qui serait part d'une Emanation Contingente (le ONE).
L'exotisme... c'est un terme qui me paraît inadéquat (et un peu réducteur) qui évoque une série de cliché typés 'agence de voyage'. Nous adorons nous plonger dans d'autres cultures, l'Asie y tient une place importante, ne serait-ce que par le biais de l'emploi de Buto (une danse d'origine japonaise) lors de nos représentations. Nous n'écoutons pas que du rock (ou apparentés), mais toutes sortes de musiques de différentes traditions et toutes ces influences se font certainement sentir d'une façon ou d'une autre.
Le SM est un sujet sur lequel je me suis très largement penché. Je considère qu'il offre une métaphore très crédible de notre société. Plus largement la dimension érotique est très présente dans nos productions. En ce qui me concerne c'est même une part dominante (n'est-ce pas?) de mon travail graphique ou photographique.
F : Si je vous dis qu'on vous a parfois comparé au duo français Die Form et pas certains aspects à la formation irlandaise Virgin Prunes, ça vous inspire quoi ?
USHER : J'ai à un moment fréquenté Philippe Fichot et son travail avait sans doute certains liens avec le nôtre, des références communes (Bellmer, Bataille, Michaux), un attrait pour la photographie érotique, pour les groupes tels que TG et la musique industrielle. Toutefois notre musique n'a pas grand chose à voir avec celle de Die Form, nous sommes davantage des héritiers du punk, du psychédélisme mais aussi de la première vague industrielle à laquelle nous avons participé, c'est vrai.
Quand aux Virgin Prunes, à part quelques titres (pas forcément enregistrés), nous ne sommes guère aventurés vers le 'théatre musical' qui les caractérise.
F : Dans l'univers sonore de NORMA LOY, on passe souvent de la furie à la plénitude. C'est un peu ça votre vision de qui nous sommes et d'où nous venons ? Nous sommes tantôt douceur ou violence, obscurité ou lumière ?
U : Souvent nos chansons décrivent des moments passionnels ou paranoïdes, des sentiments océaniques ou des ressentis de colère ou d'horreur. Au moment de 'Sacrifice', les titres souvent évoquaient cela.
Pour 'Baphomet' nous parlons d'un au delà du ressenti ou de la pulsion, d'un mystère propre au rêve, mais aussi nous abordons le mouvement politique du monde, les lignes de fracture et les drames absurdes qui signent la folie des hommes. Nous observons la fin d'une époque et l'avènement de dieux obscurs. 'Apocalypse', 'Altamont', '13 Novembre', parlent de cela. Et puis, il y a des titres plus intérieurs où se sont invités nos souvenirs - ces moments intimes qui nous constituent en tant qu'Usher & Chelsea - ('Je me Rappelle), et des fragments d'histoires amoureuses ('Les Fleurs', 'Love And Fears', 'Heroin') passés au filtre de la subjectivité et des associations d'idées.
Sur 'Baphomet', nous sommes véritablement parvenus à obtenir le son auquel nous aspirions depuis longtemps, en puissance, profondeur et clarté. Nous avons travaillé longtemps sur les titres, nous avons peaufiné les voix, les arrangements. Le mixage et le mastering avec Paul Fiction nous a permis de contrôler tout le processus, comme jamais auparavant.
C : C'est le principe du Yin/Yang. Il est très présent sur ce dernier album.
F : 'Attitudes' en 1991 marque un tournant dans votre musique. C'est un album plus accessible, voir pop. Etait-ce une volonté de votre part ou un un processus naturelle pour le groupe à ce moment là ?
U : Ce fut une volonté de notre part, un retour vers le psychédélisme, et un processus naturel car notre créativité à toujours suivi plusieurs voies distinctes. Au fond, le côté 'pop' était déjà présent dans 'Shiny Dream' ou 'Dance Of Darkness' et 'P Body' par exemple. Ce fut également un album lors duquel Chelsea et moi nous sommes retrouvés après l'enregistrement difficile de 'Rebirth'. Nous avons pris plaisir à créer, à composer et enregistrer les titres que nous avons mixés seuls. 'Attitudes' est un album très accompli dont nous sommes très fiers, et notre déception a été à la hauteur des espérances que nous avions nourries à son égard.
D'autre part, on oublie souvent qu''Attitudes' n'était pas qu'un album 'pop' puisqu'on y trouve de l'electro industriel dans 'Willpower', 'Ghost Rider', le punk indus 'Psychic Altercation' ou la procession mystique 'Big Night'. Et les thèmes évoqués dans les chansons sont les mêmes que ceux des albums précédents.
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jeudi 23 juin 2016
mardi 21 juin 2016
[ ENTRETIEN ]
Depuis 2009 et l'album 'Un/Real', on espérait sans trop y croire qu'un nouvel opus de NORMA LOY soit réalité. Avec la sortie de 'Baphomet' le disque le plus compact et abouti du duo, nous voilà comblé. Depuis toutes ces années que NORMA LOY nous accompagne dans nos vie au travers de son art, tant de questions nous brûlent les lèvres. De la genèse au présent, c'est presque candide que nous nous adressons à Usher et Chelsea qui nous guident avec gentillesse et bienveillance. Dans cette première partie (qui en compte trois), nous abordons les débuts du groupe, les moments clé, le retour en 2009 et comment est perçu l'image de NORMA LOY.
[ NORMA LOY ]
Entretien Exclusif - Partie 1
FREUND : Vous vous êtes rencontré en 1977. Les premiers enregistrements datent du début des années 80 et même si l'attente a parfois été longue, vous êtes toujours revenus. Peut-on dire que NORMA LOY sera tant que Chelsea et Usher seront ?
USHER : En effet, depuis Métal Radiant puis Coït Bergman, nous avons contitué cette entité créative Usher/Chelsea, et lorsqu'ensuite nous avons fondé NORMA LOY, nous avons à nouveau structuré les morceaux du groupe ensemble, grosso modo Usher écrivant la musique et Chelsea les paroles. Mais en réalité, la direction, l'orientation sonore, l'ambiance des chansons est déterminée aussi bien par Chelsea que par moi-même, même si je compositeur et lui le chanteur.
NORMA LOY a d'abord est surtout existé en tant que groupe, et chacun des autres musiciens a apporté son style propre qui est venu enrichir l'ensemble et participer au son global. Sur ce dernier album 'Baphomet', nous sommes revenus à une structure plus intime, en réalité juste Chelsea et moi, par la grâce de la technologie, avec sur certains titres les superbes arrangements de Mika Chrome. Mais oui, NORMA LOY, c'est Usher et Chelsea reunis.
CHELSEA : Avant de faire de la musique, nous avons commencé par une pratique intense de l'écriture. Au tout début, il s'agissait de poésie dans le style beat et surréaliste, puis très vite des textes en cut-up et des productions inspirées des cadavres exquis et de l'écriture automatique mêlées à des productions graphiques. Nous avons auto-édité 4 ouvrages sous le noms de REED & SHIELD / H.PRODUCT. Le premier, 'P.Périodik' en 1978, le dernier étant 'Attitudes' sorti en 80. NORMA LOY se situe donc dans une continuité dont les sources ne sont pas uniquement musicales. 'Romance' qui figure sur le premier maxi de NORMA LOY est une réinterprétation d'un titre de notre duo voix/machines COIT BERGMANN. Nous avons chacun produit des choses de notre côté, mais c'est l'alliance de nos deux personnalités et notre grand connivence qui engendre ce "quelquechose" qui nous dépasse en propre et détermine cette identité forte qui a permis à NORMA LOY de conserver une permanence malgré les changements constants au sein de cette formation. Cela n'enlève rien aux apports de chacun des participants qui ont marqué notre son de leurs empreintes, mais il faut reconnaître et admettre que nous donnons l'impulsion première. Sur ce dernier projet, les choses sont plus claires en effet.
F : Pour en revenir à une période qu'on suppose importante pour le groupe, que pensez-vous du travail effectué par le label Infrastition concernant la réédition du catalogue NORMA LOY ? La collaboration a dû être positive puisque 'Un/Real' est sorti sur ce même label en 2009.
U : Le travail d'Infrastition a été important, permettant de rééditer la presque intégralité du catalogue NORMA LOY. Toutefois aujourd'hui je regrette que les albums ne soient plus vraiment disponibles et surtout que s'agissant de 'Un/Real', que le label à produit, sa sortie soit demeurée quasi confidentielle, car Alexandre ne disposait pas du temps ni de l'énergie nécessaires permettant une réelle promotion.
C : Infrastition nous a remis le pied à l'étrier. Bien entendu, nous n'avons pu que constater à quel point les structures de production et de distribution musicales s'étaient dégradées par rapport au moment ou nous avons commencé. Les moyens ne sont plus les mêmes, les labels ayant pignon sur rue à l'époque (je parle ici des indépendants) ont pratiquement tous diparus, soit en étant absorbés dans un mouvement global de concentration business plan n'ayant que peu de rapport avec l'idée de création, soit en disparaissant corps et biens. Les nouvelles petites structures sont très méritantes, mais elles pratiques par obligation un positionnement de "niche' qui n'est pas très compatible avec une grande diffusion. A l'époque de 'Sacrifice' les ventes pouvaient être de l'ordre de plus de 6000 exemplaires, ce qui est totalement irréaliste aujourd'hui.
F : En revenant à 'Un/Real', l'album est paru il y a sept ans. Ces années étaient-elles nécessaires au retour de NORMA LOY ? Vous êtes du genre à vous projeter dans le futur à la fin d'un processus ?
U : Si c'est le sens de la question, il n'était pas prévu, à la sortie de 'Un/Real' de réaliser un album 7 ans plus tard. En fait, nous avons effectué une petite tournée, le groupe était vraiment compact et dynamique avec Guillaume, Scavone H et Stéphane, cette formule aurait pu perdurer si nous avions été davantage soutenus sans doute. Mais tel n'a pas été le cas.
Ensuite, nous avons effectué une expérience avec Chelsea sous le nom de NL2 et joué à l'Usine de Genève seulement tous les deux, dans une formule proche de Suicide. C'est là qu'est né l'idée d'un album, même si à cette époque, il ne s'agissait que d'un EP.
F : Quand on réécoute la discographie de NORMA LOY, on a parfois l'impression que vous avez composé des 'hymnes'. On pense à 'T-Vision', 'Power Of Spirit' ou 'Lesbische Voodoo Teenagers'. Il y a de la revendication, un vent de révolte dans certaines de vos créations ?
C : Quand nous composons un titre, nous n'avons pas d'intention particulière ou de pré-détermination. L'idée de "nous allons produire un hymne" est dont totalement inopérante, c'est le public qui accroche plus ou moins car certains titres doivent résonner davantage dans l'inconscient collectif. D'ailleurs tout le processus de création se situe dans cette double entente qui va du particulier au général, partie d'un ressenti très intime qui va faire sens chez "l'autre" qui se l'appropriera qui lui donnera une certaine grille de lecture. C'est une affaire de conjonction entre la psyché du monde environnant à un moment T avec sa propre imprégnation.
Bien sûr qu'il y a beaucoup de révolte dans notre production, on ne peut pas être que révolté face à la désagrégation d'un monde poussé dans une course folle et privé de sens commun (j'entends par là bénéficiant à l'épanouissement du plus grand nombre). C'est le sens de la première trilogie (T-Vision/Sacrifice/Rebirth) dont la thématique centrale est le CONTROLE. Contrôle des consciences, contrôle des inégalités, contrôle du libre arbitre, contrôle de l'âme. C'est une approche paranoïaque, critique et politique qui trouve ses sources chez W.S Burroughs et les surréalistes. Notre positionnement est essentiellement humaniste. L'autre aspect de la révolte est plutôt de nature philosophique et existentialiste, je pense à Camus mais aussi à certains textes gnostiques qui mettent en exergue l'interrogation sur la nature du mal et l'incompréhension qui en découle.
'Power Of Spirit' se veut justement une réflexion sur la dualité esprit/corps, mais il n'oppose pas ces deux concepts. L'esprit est incorruptible (immaculate), le monde est un chaos mouvant recombinatoire (maculate) mais le corps est la voie qui débouche sur l'âme si on veut bien l'investir en ce sens.
'T-Vision' se réfère en grande partie à "Videodrome' de David Cronenberg et aux spectacles de sex-show.
'Lesbische Voodoo Teenagers' est une sorte de pochade, à prendre au second degré comme une chanson des Cramps par exemple. Le titre provient d'une revue pornographique trouvée sur le marché de Dijon entre deux scéances de répétitions (Lesbische Teenagers), le Voodoo est arrivé plus tard pour pimenter un peu plus l'affaire !
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dimanche 19 juin 2016
dimanche 5 juin 2016
[ SORTIES ]
les sorties : JUIN
RADIOHEAD : A Moon Shaped Pool - album cd/vinyle - xl recordings
LA FEMME : Sphynx - single 7' - barclay
GARBAGE : Strange Little Bird - album cd/vinyle - stunvolume
THE KILLS : Ash & Lace - album cd/vinyle - domino
WOODKID : Desierto - bande originale cd/vinyle - labelgum
JAMES BLAKE : The Colour In Anything - album cd/vinyle - polydor
AIR : Twentyears - compilation cd/vinyle - parlophone
SONIC YOUTH : Spinhead Unreleased Sessions - compilation cd/vinyle - goffin records
LYDIA LUNCH / MARC HURTADO : My Lover, The Killer - album cd - munster
NORMA LOY : Baphomet - album cd - unknown pleasure records
PLAID : Digging Remedy - album cd/vinyle - warp
CAT'S EYES : Treasure House - album cd/vinyle - kobalt
SOREN JUUL : This Moment - album cd/vinyle - 4ad records
MICK HARVEY : Delirium Tremens - album cd/vinyle - mute records
COLDER : The Rain - album cd/vinyle - bataille records
COLDER : Goodbye - album cd/vinyle - bataille records
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