Alors qu’en est-il de ce quinzième album studio? Douze nouveaux titres (en sachant que Martin a confié lors d’une interview que 25 morceaux avaient été enregistrés et que le surplus était prévu pour plus tard). L’entame 'My Cosmos is Mine' donne d’emblée le ton avec ses sonorités industrielles et une ambiance quasi spectrale où les voix de Dave et Martin se fondent et se confondent dans un fracas apocalyptique qui fait froid dans le dos mais qui ne transcende pas le genre. 'Wagging Tong', second titre, co-écrit par Dave et Martin, est l’exemple de la platitude avec une structure et des sons purement depechemodiens mais très loin de convaincre. Suit 'Ghosts Again', premier single, co-écrit par Martin et Richard Butler des Psycedelic Furs (une première) imparable (rappelant 'Precious' de PTA) mais pas inoubliable. Même si la mélodie reste facilement ancrée et tourne comme une ritournelle, il se démarque très nettement du reste des titres (comme 'Precious' en 2005). 'Don’t Say You Love Me', encore avec l’aide de R. Butler, est sauvé grâce à une basse et des percussions lourdes à souhait et les riffs de guitare n’y changeront pas grand-chose. 'My Favorite Stranger', nous rappelle que n’est pas 'I Feel You' qui veut. Le morceau ne décolle pas et s’engonce inexorablement dans une linéarité presque frustrante tant on espère un changement, une surprise dans la durée. Mais non.
Puis débarque le sixième titre, morceau central de l’album, le seul titre chanté par Martin (j’ai envie de dire heureusement), 'Soul With Me'. Les influences de sa résidence à Santa Barbara se font «mièvrement » ressentir. Une guitare aux sonorités à la Beach Boys, des arrangements simplistes et aucune once de recherche sonore et rythmique. Le pire titre de l’album en ce qui me concerne. La version live est bien meilleure, pour ceux qui ont pu l’entendre, car exit la guitare, privilégiant un piano voix. Nous voici donc dans la seconde partie de l’album (je dis cela tant elle est différente des 6 premiers titres). 'Caroline’s Monkey', dernier morceau co-écrit avec Butler, se démarque très nettement dès les premières secondes. Jamais DEPECHE MODE n’aura autant flirté avec les beats Kraftwerkiens. Même si le tout reste très linéaire avec un refrain qui ne réveille pas franchement, ce titre est une vraie nouveauté et les rythmiques ainsi que les sonorités sont plus fouillées, allant crescendo jusqu’au final. Vraie bonne surprise de l’album. 'Before We Drown', premier titre composé par Dave est un classique « signature » de l’auteur. Une envolée lyrique sur la fin, des sons qui rappellent ceux de 'Halo' mais encore une fois, on a cette impression qu’il manque quelque chose (le savoir faire de Alan Wilder peut-être?). 'People Are Good' zieute, une nouvelle fois, très franchement du côté de leur père Kraftwerk tant la rythmique et les sonorités sont sous influence. Manque toujours et encore un vrai refrain, une envolée, un sursaut que l’on aura attendu, en vain jusqu’à la fin. 'Always You' deviendra sans aucun doute un classique. Plaisant. Les synthés et les rythmiques sont bien dosées et bien posées. 'Never Let Me Go' apporte, ENFIN, ce soupçon de frisson, une rythmique lourde, puissante, un riff de guitare dévastateur et un refrain en apesanteur. Le meilleur de l’album même si l’on peut très facilement le comparer à 'Lilian' de 'Playing The Angel'. L’album se clôture sur le planant et stroboscopique 'Speak To Me', second titre écrit par Dave, qui, en fermant les yeux, vous envoie dans la stratosphère qui l’aidera, peut-être, à exorciser définitivement ses démons. 'Cover Me' n’est pas si loin mais ce titre clôt ce 15ème album avec grâce et quiétude.
En conclusion, ce dernier opus fait le job, sans transcender ni bouleverser. On pourrait même, peut-être, parler de synthèse de ce que le groupe a fait de mieux et de moins bien. La production est bonne et c’est ce qui sauve les meubles. Beaucoup de titres, s’ils avaient été produits comme 'Spirit' auraient été imbuvables ou sans relief. Cela reste tout de même leur meilleure production depuis 'Playing The Angel'. A défaut de renouveler le genre en profondeur, 'Memento Mori' prouve, une fois encore, que DEPECHE MODE est encore en mesure de nous faire vibrer et de nous surprendre. Et surtout qu’ils ont encore des choses à dire et qu’ils sont plus vivants que jamais.
[ F. BARBIAN ]
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