jeudi 7 novembre 2024

[ CHRONIQUE ]


FRANCOIZ BREUT 
Vif !
CD/LP 
[ 62 Records ]


Né à Cherbourg, cette Belge d'adoption est une artiste accomplie qui excelle dans les jeux de sons, d'images et de mots. Graphiste et dessinatrice de formation FRANCOIZ BREUT est une musicienne, interprète passionnante. Voilà longtemps que la dame nous a happé dans son univers énigmatique et profond. Accompagnant nos ballades sonores depuis 1997, la voilà revenu du superbe 'Flux Flou De La Foule' (2021) avec ce 'Vif', huitième disque studio renversant à la production millimétrée. 
Lorsque débute 'Hors Sol' on comprend vite que le voyage de l'artiste, après avoir exploré les sentiments humains et visiter les villes, se concentre ici sur l'infiniment petit. Le titre 'Vif!' est une investigation dans l'univers palpitant qui nous entoure. La musique se love en suspension pour cheminer vers un crescendo enveloppant. Magnifique introduction. La pochette du disque dépeint sur plusieurs tableaux, l'artiste en observation, immergée dans la nature, s'imprégnant de son environnement. 'Crever l'Asphalte' décrit l'être comme élément de la nature, à l'écoute et à l'unisson de cette nature à la fois forte et fragile. Musicalement, le morceau est pop, sautille et bénéficie d'un charmant refrain emprunt de douceur et de tendresse. La passerelle entre l'infiniment petit et les sentiments humains est finement présente dans 'Ectoplasme', douce ritournelle menée en compagnie de Claire Vailler et Catherine Hershey. Pour la suite du voyage, FRANCOIZ BREUT nous guide à travers des chemins de traverse. La musique qui accompagne 'Gazons & Chatoiements' est envoûtante et sa superbe mélodie aux choeurs célestes nous hante. Un titre sublime qui emprunte certains codes au jazz. Dans cette valse à trois temps qu'est 'Lichens', l'artiste entonne un duo en compagnie de McCloud Zicmuse et le corps se fond à la nature jusqu'à disparaitre. Au milieu de 'Vif !',  'Un Pépin' apporte fraîcheur et lumière. Ici l'on conte de façon poétique l'évolution de la nature de son état de graine à son développement au gré du vent, du soleil et de la pluie. C'est extrêmement bien écrit et musicalement d'une grande beauté. 
La fusion des êtres une fois encore se mêlent dans cette nature exotique qui entraîne les corps vers l'érotique. La mélodie langoureuse de 'Sous-Bois, La Nuit' est suave et fait tourner les têtes dans un moment onirique. La force de FRANCOIZ BREUT réside dans ce ressenti du monde qui l'entoure et sa façon de le retranscrire. Alors que le périple se poursuit, le 'Dancing Frénétique' apporte de l'air frais et de la légèreté dans un bal auquel il est difficile de résister. Jamais aucun artiste n'a consacré, plus qu'une chanson mais un Ôde aux vers, ces petits êtres tortillant. Un texte à la fois cru et poétique rend un hommage inattendu à ces êtres qui nous comptent dans leur chaine alimentaire.  le très 60's 'Wudu-Aelfen' est aussi sautillant que bucolique et c'est ici encore de la vivacité de la vie qui nous entoure dont il s'agit. Un mélodie espiègle qui rappelle ici et là nos chers Stereolab à la fois dans les sonorités et les voix d'un titre qui décidément communique sa folle énergie. Ce nouvel album de FRANCOIZ BREUT est instantané et sans détour. Les mélodies incisives et chatoyantes tutoient des textes poétiques et imagés. C'est beau de sincérité. Depuis toujours et c'est encore le cas ici, l'oeuvre de l'artiste puise dans une certaine tradition de la chanson française que vient modeler et moderniser une patte unique qui colore les compositions de pop colorée et de textes surréalistes. La mélancolie et la fragilité de 'Cavales Animales' emplissent l'espace d'une douceur et d'images oniriques dans un espace frémissant. Enfin, comme blottie, 'La Tangente' conclue une promenade pastorale dans le monde du petit, bienveillant et essentiel, dont nous ne sommes qu'un élément. 
Pour ce huitième disque, FRANCOIZ BREUT est partie d'improvisations et de quelques brides de textes pour en construire finalement un album conceptuel qui trouve son équilibre entre de belles mélodies simples et harmoniques et des paroles teintées de poésie. Il en résulte un beau disque singulier, touchant dont la finesse manque aujourd'hui cruellement au monde de la musique. On ne peut qu'adhérer. 

- Olivier-Pierre HANS-LEONELLI -

lundi 4 novembre 2024

vendredi 1 novembre 2024

[ SORTIES ]

SORTIES DE DISQUES / LP CD TAPE K7Novembre 










ARCHIVE / You All Look The Same To Me 
box 5 vinyle - double cd [Pias]

ARCHIVE / Controlling Crowds
box 4 vinyles - double vinyle - double cd [Pias]

RODOLPHE BURGER / Avalanche 
vinyle - cd [Dernière Bande]

KATE BUSH / 50 Words For Snow (polar edition)
vinyle [Fish People]

CROCODILES / Summer Of Hate 15th
vinyle [Fat Possum]

THE CURE / Song For A Lost World 
vinyle couleur - cd [Polydor]

KIM DEAL / Noboody Loves You More 
vinyle couleur - cd [4ad]

BRIGITTE FONTAINE / Pick Up 
vinyle couleur - cd [Verycords]

KATRINA FORD / H.E.A.R.T.
digital [K.F]

GARBAGE / Copy/Paste 
vinyle couleur [Bmg]

LISA GERRARD / Come Tenderness 
vinyle - cd [Gerrard records]

HARD-FI / Don't Go Making Plan 
EP 12' vinyle [Ignition]

I. CAMPBELL & M. LANEGAN / Ballad Of The Broken Seas
vinyle - cd [Cooking Vinyl]

SCARLETT JOHANSSON / Anywhere I Lay My Head 
vinyle couleur [Asbestos]

KID LOCO / A Grand Love Story 
double vinyle [Balagan]

KID LOCO / Concrete Islands & Vanity 
vinyle [Balagan]

THE KILLS / Happier Than Ever 
7' vinyle [Domino]

LEFTFIELD / Full Way Round (feat. Grian Chatten)
12' vinyle [Virgin]

MARILYN MANSON / One Assassination Under God 1
vinyle couleur - cd [Nuclear Blast]

CASS McCOMBS / Seed Cake On Leap Year 
vinyle - cd [Domino]

MERCURY REV / All Is Dream 
vinyle couleur [Cherry Red]

PRIMAL SCREAM / Come Ahead
double vinyle couleur - cd [Bmg]

NEW ORDER / Brotherhood Definitive
box vinyle - cd - dvd [Warner]

NEW ORDER / Touched By The Hand Of God
12' vinyle [Warner]

PETER PERRETT / The Cleansing 
double vinyle couleur - cd [Domino]

PET SHOP BOYS / Nonetheless Expanded 
triple vinyle - double cd [Parlophone]

PET SHOP BOYS / New London Boy Part 1
cds single [Parlophone]

PET SHOP BOYS / New London Boy Part 2
cds single [Parlophone]

SIGUR ROS / Agaetis Byrjun 
double vinyle couleur [Vinyl Me Please]

SIMPLE MINDS / Sparkle In The Rain 
vinyle couleur - box 4 cds [Umr]

SMOG / Bill Callahan The Holy Grails
12' vinyle [Drag City]

TARWATER / Nuts Of Ay
vinyle - cd [Morr Music]

THOMPSON TWINS / Into The Gap 40th
vinyle couleur - triple cd [Bmg]

TV ON THE RADIO / Desperate Youth 20th
double vinyle couleur [Touch & Go]



jeudi 17 octobre 2024

[ CHRONIQUE ]


THE KVB
'Tremors'
CD/LP
[Invada]


D'abord conçu comme le projet solo de Nicholas Wood, THE KVB débute son histoire à Londres. Ce Londonien de souche, véritable touche à tout est un amoureux de musique sombres, romantiques et acides.  Il est rejoint en 2011 aux claviers par Kate Day. Le duo distille des compositions à la croisée du post punk du rock gothique et du shoegaze. THE KVB manie aussi bien les guitares que les claviers et on évolue entre rock et électro avec un savoir-faire impressionnant. Après 'Always Then', premier album en 2012, le groupe ne fait qu'accroitre sa notoriété et évoluer son art au fil des concerts et des rencontres. Il travaillera un certain temps auprès de Anton Newcombe et du Brian Jonestown Massacre puisque signé sur le label A Records. Après un étonnant disque de reprises paru l'an dernier, THE KVB est de retour avec un huitième album, 'Tremors' qui met la barre haute en terme de production et de mélodies. 
Dès le prologue, 'Negative Drive', on sent une maitrise des éléments et des influences. La noirceur se pare de rythmiques froides et l'ensemble s'articule pour créer une danse désarticulée. La voix est caverneuse et le tout forme un maelstrom hypnotique. Une introduction qui annonce la couleur.  L'envolée mélancolique de 'Words' n'en est que plus belle et son refrain imparable met en évidence la force mélodique dont est capable le compositeur Nicholas Wood.  Onirique et chatoyant, ce titre est tout à la fois catchy et mélancolique. THE KVB accorde une grande importance aux mélodies qui font mouche, aux atmosphère et à ce que la musique demeure hors du temps. 'Tremors', le titre est très 80's dans les sonorités et caresse ici et là le mouvement 'new-wave' de cette même décennie. L'envie de se trémousser et de faire de grands gestes ? La suite propulse une puissance 'ghotico-shoegace' avec 'Labyrinths'. La rencontre de The Sisters Of Mercy ' période 'First And Last And Always' et de The Jesus Of Mary Chain.  C'est charbonneux, puissant et ultra efficace. THE KVB n'en n'a jamais autant imposé. Bluffant ! 'In The Silence' en milieu d'album se veut plus psyché dans son approche. L'atmosphère est plus légère et le ressenti plus cool dans une mélodie aux accointances blues. La voix de Kate Day apporte de la douceur et de la légèreté. Par la suite, la reprise fantomatique de 'Tremors' passe comme un rêve avant que ne retentisse l'épique 'Overload', morceau de bravoure au refrain lumineux. On est à mi-chemin entre la flamboyance pop et l'énergie du rock gothique. La cohésion et l'articulation des titres de ce nouvel album sont savamment dosées. On navigue entre énergie et mélancolie dans une suite de compositions accrocheuses. Alors que le disque chemine vers son épilogue et que le désincarné 'Dead Of The Night' s'éloigne dans la nuit, le strident et acide 'A Thrist' emboite le pas. 'Deep End' sera l'hymne de clôture de 'Tremors'.  La basse métronomique et la guitare épileptique offrent un habillage claustro à une composition qui rampe plus qu'elle ne s'élève. La lumière n'est finalement pas pour tout de suite et THE KVB danse encore avec les ombres jusqu'à s'évanouir dans la nuit. 
Voilà un disque impressionnant que THE KVB domine de point en point connaissant les moindres recoins et les couloirs d'un habitat hanté d'où ils observent le monde. Un beau disque conceptuel qui se terre derrière une simplicité dont le seul but et de leurré celui qui s'y aventure. Excellent !

|  - Olivier-Pierre HANS-LEONELLI -  |

mercredi 16 octobre 2024

[ CHRONIQUE ]



BEL CANTO
'Radiant Green'
CD/LP
[Bel Canto]


BEL CANTO est un projet dont on n'a pas ou peu entendu parlé depuis plus de vingt ans. Voilà pourquoi quelques précisions semblent opportunes. C'est en trio que la formation norvégienne apparaît pour la première fois en 1985 à Tromso en Norvège. Rapidement Geir Jenssen, Nils Johansen et Anneli Drecker s'installent en Belgique et signent avec le label Crammed. En 1987 sort le premier album 'White-Out Conditions'. BEL CANTO est rapidement associé au mouvement 'Heavenly Voices' et au label 4AD au sein duquel s'épanouissent des groupes comme Dead Can Dance et Cocteau Twins. Ce premier essai est encensé par Melody Maker et la presse en général. Leur musique éthérée et ethnique colle parfaitement à la voix enchanteresse de Anneli Drecker. En 1989 BEL CANTO propose sont second disque nommé 'Birds Of Passage'.  C'est un succès. Les compositions sont riches et les influences multiples. 
En 1990, Geir Jenssen a des envies de carrière solo. Le trio devient duo et Jenssen quitte le groupe pour créer Biosphere. La véritable percée commerciale arrive pourtant en 1992 avec 'Shimmering Warm & Bright'. Le style musical de BEL CANTO évolue vers une pop plus synthétique incluant des éléments des musique du monde et de folk nordique traditionnelle. Trois albums suivront jusqu'en 2002. La suite de l'aventure s'écrira en solo pour Anneli Drecker avec plusieurs disques solo et Nils Johansen lui composera pour le cinéma et la télévision.  Un projet de réunion des trois membres originels est entamé en 2007 mais Geir Jenssen quitte une nouvelle fois le groupe. BEL CANTO remonte sur scène en 2017 avec le souhait de faire d'autres concerts et d'enregistrer de nouveaux titres. L'annonce officielle du retour se fait par le biais de Anneli Drecker en direct du studio où le duo travaille sur de nouveaux titres. Vingt-deux ans après 'Dorothy's Victory', dernier album en date, 'Radiant Green' le nouvel album studio de BEL CANTO est annoncé.
C'est tout en douceur et charme que s'ouvre ce septième opus et dès 'Grass Mint Crisp' on y ressent un bien-être et l'ensemble n'est pas sans rappeler les regrettés Cocteau Twins. Un titre de pop atmosphérique de toute beauté. On reste dans les hauteurs avec 'Erlkönig', qui conte en langue allemande l'histoire du roi Erl d'après un poème de Johann Wolfgang Von Goethe. La fraicheur de la mélodie se mêle étrangement au chant parfois païen de Anneli Drecker. C'est superbe ! Plus loin la pop dansante de 'Lifeworld' laisse place à l'insouciance et et à la légèreté. La spatialité s'exprime de nouveau dans 'Prince Of Insecuria', composition planante à l'atmosphère froide. Les éléments sont réunis avec le crescendo de la musique associé aux vocalises enveloppantes de Drecker qui insuffle ici et là un peu de chaleur. Alors que le disque développe son atmosphère singulière, 'Train Window Girl', ballade mélancolique est un peu l'incursion du passé dans ce nouveau présent. Le titre chanté en français retrouve la participation de Gilles Martin, producteur légendaire des premiers albums de BEL CANTO et Steven Brown (Tuxedomoon - Crammed) est au sax-alto. Cette histoire d'amour impossible est poignante et son interprétation par Anneli Drecker sont très touchantes. 
Plus loin, 'Virginia' en duo avec Sondre Lerche voit le trio Drecker, Jenssen, Johansen reformé pour un titre empli de lumière et de douceur. Les voix des deux artistes s'épousent à merveille dans ce titre aux envolées lyriques. 'Lake Ice' résulte lui aussi d'une composition à trois. Ici plus encore on retrouve le BEL CANTO des débuts dans une ambiance feutrée. La participation de Geir Jenssen est ici plus évidente dans les sonorités électroniques. Le titre qui aurait pu figurer sur les premiers albums du groupe est d'une mélancolie folle et démontre à quel point la cohésion artistique des trois auteurs perdure. 'Can Of Worms' retrouve l'urgence et le rythme qui pouvait peut-être faire défaut jusque là. Ici il est question de lâcher prise, la machine est en marche et la voix emplie l'espace dans une course haletante. En fin de parcours, alors que s'achève la pièce instrumentale 'The Winds Of The Milky Way' composé par le seul Nils Johansen, 'Wave Without A Shore' douce ballade acoustique à la mélodie caressante referme doucement les portes de cette nouvelles collection baignée d'un vert éclatant qui nous enchante. Le retour de BEL CANTO avec ce 'Radiant Green' est très enthousiasmant. Ce projet unique a une place bien particulière dans le monde de la musique, développant un art dont les influences nordiques sont incontestables. La voix de Anneli Drecker demeure singulière et magnifie des compositions profondes et diverses et cette nouvelle livraison est aussi riche que belle. Il ne reste qu'à souhaiter que BEL CANTO ne disparaisse pas à nouveau tant il nous font de bien au coeur et à l'âme.

| - Olivier-Pierre HANS- LEONELLI - | 


mardi 15 octobre 2024

[ CHRONIQUE ]



ALAIN CHAMFORT
'L'Impermanence'
CD/LP
[Tessland - BMG ]

ALAIN CHAMFORT l'a annoncé sans détour. 'L'Impermanence' sera son dernier album et la suite ne sera que formats courts et participations diverses. Ce nouvel album paru au printemps dernier est sorti dans un contexte personnel particulier. L'artiste sort d'une période compliquée mettant en péril sa propre vie. Fort heureusement cette période difficile est derrière lui mais comment ne pas ressentir ces bouleversements au travers de ces onze nouvelles compositions. 
'L'Impermanence' est son quinzième album studio en cinquante ans de carrière. L'artiste de 75 ans à toujours eu une place à part dans la paysage français. Tantôt dandy, tantôt représentant de la pop à la française, tantôt artiste inaccessible, ALAIN CHAMFORT demeure un compositeur hors pair et possède un savoir-faire unique dans le monde de la musique. Ce nouvel album marqué de sa patte unique est sans doute le plus personnel aussi et son disque le plus profond.  'L'Apocalypse Heureuse', titre fort qui ouvre tout en mélancolie 'L'Impermanence', traite de l'âge qui passe et de la violence que parfois le temps qui avance provoque en soi. La mélodie d'une beauté renversante travaillée en compagnie d'Arnold Turboust est à la fois lunaire et et déchirante. Les texte de Pierre-Dominique Burgaud sont superbes et en fusion totale avec CHAMFORT.  'Dans Mes Yeux' est un titre d'une solide modernité nappé de cordes qui virevoltent pour s'envoler vers un lyrisme qui emporte. La ballade crépusculaire qui suit est fragile et belle. 'Par Inadvertance' est une tirade romantique d'un homme qui regarde la vie droit devant lui. Un passage à fleur de peau tout en finesse et en délicatesse. 'Altiplano' offre une suite tout en suspension et l'atmosphère que dégage ce morceaux à des airs d'un ailleurs. Après le mystère de la mélancolique 'A L'Aune' soutenu essentiellement d'un piano et de cordes, le titre verse doucement dans une tristesse contagieuse. A contre pied, 'En Beauté', la pop saccadée renverse la tendance et offre un titre acide et sans concession sur le refus de vieillir et de voir son corps se faner. Rythmiques électro, mélodie pop et texte au vitriol font de se titre une moment d'humour noir savoureux. 
Avant que ne paraisse l'album, ALAIN CHAMFORT a proposé une format court quatre titres uniquement paru en vinyle enregistré avec la participation de Sébastien Tellier. De cette session, on retrouve sur 'L'Impermanence', 'Whisky Glace', une composition léchée très réussie. Le refrain est déchirant de beauté et l'association des  voix des deux artistes est parfaite. La mélodie langoureuse et les violons qui pleurent prennent à la gorge alors que l'esprit du  grand Gainsbourg plane ici est là. Absolument prodigieux ! Les bilans sont parfois crus et celui de 'L'Impermanence' en est un. Les choses ne durent pas et notre état est ici remis en cause. Nous ne demeurons pas et rien n'est immuable. Fort heureusement, ALAIN CHAMFORT est malgré tout un optimiste qui sait rester philosophe et en fin de parcours lui même le dit. 'Tout S'Arrange A La Fin', format peu très 60's qui ouvre le ciel et laisse un clarteux soleil traverser les nuages. Un beau titre chaloupé aux arrangements lumineux. le cloches retentissent et les violons s'envolent . Efficace et lumineux.  Avec 'La Grace' l'artiste clos ce nouvel et dernier album en plaçant l'espoir d'avoir marqué son environnement et de laisser une trace le jour où ... ALAIN CHAMFORT vient de lâcher sa dernière création cohérente dans un grand vent de sincérité, de profondeur et de beauté. 'L'Impermanence' et un disque authentique, pur et beau. L'humanité et l'intelligence d'un artiste hors pair caressent l'auditeur dans un élan de mélancolie et d'espoir.

- Olivier-Pierre HANS-LEONELLI -

lundi 14 octobre 2024

[ CHRONIQUE ]


ARAB STRAP
I'm Totally Fine With It, Don't Give A Fuck Anymore'
CD/LP
[ Rock Action ]


Trois ans après le magnifique 'As Days Get Dark', ARAB STRAP sort le second album d'un retour attendu pendant plus de quinze ans. Le titre du disque plutôt sans équivoque annonce le ton. Aucun calcul en vu pour 'I'm Totally Fine With It, Don't Give A Fuck Anymore'. Le huitième album studio des écossais paru au printemps dernier est un disque plus cru et frontal que son prédécesseur. A commencer par 'Allatonceness', une fable âpre à la rythmique saccadée accompagnée du chant très écossais de Aidan Moffat indissociable du son du duo. Le titre est puissant, incandescent. Bliss' présenté comme un des single potentiel, retrouve la patte ARAB STRAP ;  association de boite à rythme kitsch et guitares, poussant la mélancolie vers la tristesse. Bien plus romantique, la partie est à la fois dansante et émouvante. L'équilibre y est parfait. Dans l'ensemble cette nouvelle livraison plus frontal est plus en rythme aussi et 'Sociometer Blues' en est un bel exemple. Savoir faire d'artistes capables de faire muter leur art sans le renier. L'histoire est respectée et la remaniement des influences finement mené. 
Après trois ballades plus classiques 'Hide On Fires', jolie ritournelle, l'atmosphérique 'Summer Season' et l'épure et la mélancolie au travers de la fantomatique 'Molehills', ARAB STRAP retrouve le mordant et l'âpreté avec l'énorme 'Strawberry Moon' titre tout en adrénaline à la mélodie imparable, lové d'arrangements justes et efficaces en diable. Ce titre est à placer au panthéon des grands classiques de ce que le duo peut produire de meilleurs. Absolument délicieux ! 'Haven't You Heard' dans la seconde moitié du disque fait office de morceau pop. La mélodie est belle, simple et prenante, l'ensemble est  soutenu d'une rythmique chaloupée et de guitares chaudes et rondes. Le chant y est susurré et les arrangements enjoués. Décidemment cette nouvelle livraison inspirée est aussi diversifiée qu'inspirante et ARAB STRAP le sait, l'acoustique et l'épure collent à merveille au mélodies pures égrenées par Malcolm Middleton. 'Safe & Well' est une ballade céleste qui sent bon la nature et la fraicheur d'un matin boisé. 
Alors que ce nouveau voyage tire à sa fin, 'Dreg Queen' empli l'espace, un espace nocturne, plein de mystère et de tension. Une prouesse qui oscille entre force et fragilité. C'est d'une grande beauté et d'une création sans pareil. ARAB STRAP demeure ce groupe unique qui n'a d'autre écho que lui même. Au moment ou 'Turn Off The Light' referme la marche, le bilan est sans appel. Ce groupe sans faux pas dans une carrière à l'honnêteté sans faille poursuit une progression artistique en recherche permanente d'évolution sans jamais renier ses racines. N'est ce pas là, l'essence de l'Art ? 

- Olivier-Pierre HANS-LEONELLI - 

lundi 23 septembre 2024

[ SORTIES ]

SORTIES DE DISQUES  LP CD 12 33RMP K7 TAPE VINYLE  OCTOBRE 24

















ABU NEIN / III Dark Faith 
vinyle couleur - cd [Progress]


EMMA ANDERSON / Spiralee : Pearlies Rearranged
vinyle couleur - cd [Sonic Cathedral]


A PLACE TO BURY STRANGERS / Synthesizer
vinyle couleur - cd [Dedstrange]


COIL / Love's Secret Domain 
triple vinyle [United Diaries]


CRANES / Population Four 
vinyle couleur [Musiconvinyl]


DOMINIQUE A / Quelques Lumières 
double vinyle - double cd [Cinq7]


DURAN DURAN / Danse Macabre Deluxe
box double vinyle - cd [Bmg]


BRYAN FERRY / Restrospective 1973-2023
double vinyle couleur - box 5cds - cd [Bmg]


BRIGITTE FONTAINE / Pick Up
vinyle couleur - cd [Verychords]


GAVIN FRIDAY / Ecce Homo
vinyle couleur - cd [Bmg]


HUGO RACE & MICHELANGELO RUSSO / 100 Years
vinyle couleur + 7' - cd [Gusstaff Records]


IDAHO / The Devil You Know 1992-1996
box 5 vinyles [Art & Craft]


LIELA MOSS / Transparent Eyeball 
vinyle couleur [Mother Figure]


ALISON MOYET / Key 
vinyle couleur - cd [Cooking Vinyl]


PETER MURPHY / Peter Live N.Y.C. 2008
double vinyle - double cd [Silver Shade]


PIXIES / The Night The Zombies Came 
vinyle couleur - cd [Bmg]


PROPAGANDA / Propaganda 
double vinyle couleur - double cd [Bureau B]


SIOUXSIE & THE BANSHEES / Through The Looking Glass 
vinyle clear - [U.M.R]


THE SISTERS OF MERCY / Floodland 
vinyle couleur - [Warner]


THE SISTERS OF MERCY / Greatest Hits Vol1
double vinyle couleur [Warner]


SLOWDIVE / Slowdive 
vinyle couleur [Dead Oceans]


THE SMILE / Cutouts
vinyle couleur - cd - k7 [XL Recordings]


SOROR DOLOROSA / Mond
double vinyle couleur - double cd [Prophecy]


SPEAR OF DESTINY / The Best of 20th
double vinyle couleur [Musiconvinyl]


DAVID SYLVIAN / Everything And Nothing 
triple vinyle [U.M.R]


TEARS FOR FEARS / Songs For A Nervous Planet
double vinyle couleur - double cd [Concord]


TESS PARKS / Pomegranate 
vinyle couleur - cd [Fuzz Club]


THE CURE / Novembre : Live In France 2022
12' vinyle [Naked]


TYPE O NEGATIVE / Slow Deep And Hard 
double vinyle couleur [Atlantic]


ZERO7 / When It Falls 20th
vinyle couleur [New State Entertainment]






lundi 16 septembre 2024

[ CHRONIQUE ]



THE MARCH VIOLETS
'Crocodile Promises'
CD/LP/DL
[ Metropolis ]


THE MARCH VIOLETS émerge en 1981 en plein mouvement nouvellement nommé  'Rock Gothic' dont font partie The Sisters Of Mercy. Le groupe se forme à Leeds  comprenant Simon Denbigh proche d'Eldritch et sa bande, Rosie Garland poétesse et romancière et Tom Ashton à la guitare. Entre 1982 et 1986 sortiront sept singles dont les iconiques 'Snake Dance' et 'Walk Into The Sun'. Les deux premières sorties sont éditées par Merciful Release, le label de The Sisters Of Mercy. En 1985, Simon Denbigh quitte THE MARCH VIOLETS pour divergences musicales. Le groupe se sépare finalement en 1987. Entre 1984 et 1993 paraissent trois compilations regroupant tous les singles et quelques raretés. 
Il faut attendre 2007 pour retrouver THE MARCH VIOLETS en formation originale sur scène à Leeds. D'autres évènements sont prévus mais Rosie Garland tombe malade et les projets sont en suspend. En 2010, le groupe remonte finalement sur scène pour quelques concerts et un projet de premier album est annoncé. C'est en 2013 que 'Made Glorious' paraît en version digitale et double cd limité. Le disque sera réédité en 2023 en version cd et vinyle par le label Jungle.  THE MARCH VIOLETS va tourner en 2013, 2014 et 2015 essentiellement aux Etats Unis.  Un second album est déjà en chantier via Pledge Music et c'est fin 2015 que paraît en version digitale 'Mortality'. Il propose dix nouvelles compositions mais ne verra malheureusement jamais le jour en version physique.  Début 2016 Simon Denbigh subit un grave AVC et une fois encore THE MARCH VIOLETS disparaît des radars. En 2021 et 2022 sortent deux compilations dont un coffret regroupant les BBC Sessions et de nombreux inédits. Fin 2022, THE MARCH VIOLETS est de retour avec une annonce de tournée et de nouveaux enregistrements à venir. Rosie Garland, Tom Ashton et William Faith composent le groupe.  Rapidement c'est Mat Thorpe qui remplace William Faith à la basse et au chant. 'Crocodiles Promises', troisième album studio de THE MARCH VIOLETS paraît en juillet 2024 sur Metropolis et propose neuf nouvelles compositions. 
C'est le single 'Hammer The Last Nail' qui ouvre l'album et dès la première écoute, les éléments se mettent en place naturellement. La son est fluide affuté et chaleureux. La voix de Rosie Garland familière et partie prenante de l'ensemble. Un refrain qui fait mouche et une instrumentation millimétrée. Aucun doute THE MARCH VIOLETS est de retour et semble force de proposition.  'Bite The Hand' bourré d'adrénaline offre un 'death-rock' puissant et inspiré. Morceau sombre et acéré. L'esprit de Christian Death hante l'espace. La suite dont les bases ont été couchées en 1982, rappelle les débuts flamboyant du groupe. Toutes basse et drum-machine en avant. 'Virgin Sheep' est un classique immédiat de rock gothique matiné d'élans punks. Plus loin, c'est un retour à un 'death-rock' classieux. Mélodie simple et habitée, 'Kraken Wakes' est à la fois charpenté, charbonneux et envoûtant. Décidemment 'Crocodile Promises' est d'un excellent niveau. L'album sent l'envie et la détermination. En milieu de parcours, 'Mortality', titre éponyme du second album de THE MARCH VIOLETS se voit remanié, survitaminée par une basse sautillante et les guitares tranchantes de Tom Ashton.  Ecrin pour la voix de Rosie Garland, 'Walk Away From Kind', ballade venimeuse s'étire au loin alors que le soleil se couche laissant place aux ombres de la nuit. L'énergique 'Crocodile Teeth' nous emporte dans un tourbillon de guitares soutenues par une basse métronomique filant à vive allure avec ardeur et dynamisme. En fin de d'album c'est le frisson qui parcours l'échine à l'écoute de 'Heading For The Fire', superbe morceau de bravoure dans la grande tradition 'goth'. Sombre et enflammé ce titre est une pure réussite. 
La dernière marche à pour titre 'This Way Out', morceau fiévreux et ombragé, toute guitares dehors au son âpre et tranchant. THE MARCH VIOLETS en a encore sous le pied et offre un disque incandescent, inspiré et remuant. 'Crocodile Promises' est à la fois diversifié et homogène. Il possède une force et une cohérence étonnante. Ce nouvel album est une réussite mélodique, lyrique et musicale qui donne l'envie de suivre et de soutenir une groupe claquant de vie !

- Olivier-Pierre HANS-LEONELLI -

samedi 7 septembre 2024

[ CHRONIQUE ]



NICK CAVE AND THE BAD SEEDS
'Wild God'
LP/CD/DG
[ Bad Seed - Pias ]


Après un 'Ghosteen' introspectif marqué par le deuil il y a cinq ans on attendait avec impatience la suite de l'aventure Bad Seeds. Il y a eu de nombreux projets annexes qui ont suscité différents niveaux d'intérêts ces dernières années dont plusieurs musiques de films et des passages solo ou duo accompagné de Warren Ellis, mais c'est bien le retour de NICK CAVE AND THE BAD SEEDS qui était le plus attendu. Nick Cave n'a que plus d'éclat en formation rock accompagné des Bad Seeds. Alors que dire de 'Wild God', ce déjà 18ème album studio ?! Le retour du plus grand prêcheur de tout les temps n'est pas rien et même si parfois l'homme donne l'impression d'en faire un peu trop, l'artiste est unique et nous a conquis depuis longtemps. Nick cave est conscient du monde qui l'entoure, de ces difficultés et de sa violence mais il veut croire en la beauté et la magie d'un monde baigné de lumière. C'est ce qui transparaît immédiatement au travers de ce nouveau disque. Le monde et beau, Dieu est grand et nous devons célébrer et profiter des bienfaits de ce monde. La pochette immaculée et le graphisme épuré collent parfaitement au concept de 'Wild God'. Clarté et la pureté. Autant le dire immédiatement, le nouveau NICK CAVE AND THE BAD SEEDS est lumineux et positif, ce qui n'est pas tendance en ces temps troublés.  
L'entrée en matière offre une bouffée d'air frais sur un 'Song Of The Lake' qui ouvre en grand l'espace vers une terre chaleureuse et bienfaitrice. L'ensemble est irradié d'un choeur de voix féminine gospel. La porte est grande ouverte, 'Wild God' peut commencer. C'est justement le titre éponyme qui prend la suite sur du mid-tempo du plus bel effet. Ballade douce et ensoleillée jusqu'à une envolée vers le céleste guidée de voix angéliques. Un passage beau, délicat et habité qui fait du bien. C'est un bonheur de retrouver Nick Cave en groupe sur un titre presque pop. La magie s'intensifie avec le superbe 'Frogs' tout aussi clarteux et NICK CAVE AND THE BAD SEEDS se retrouve au sommet.  La mélodie est majestueuse, la voix, un écho hors du temps et l'instrumentation est magnifique. Apothéose lorsque surgissent les choeurs célestes.  La version instrumentale du titre, inclus sur la version 45 tours met plus encore en avant la beauté des arrangements. La suite se veut plus intimiste. 'Joy', accompagnée principalement d'un piano et d'un cor, laisse totale place à une voix claire et chaleureuse. Plus qu'une ballade, l'histoire qui y est contée à des allures de cantique. On connait les croyances de Nick Cave et c'est là de recueillement dont il s'agit. Alors que 'Wild God' est à mi-parcours, 'Final Rescue Attempt' distille une mélancolie palpable, presque une tristesse latente. Une ballade désabusée, des questions et des puits de lumière habitent cette belle mélodie classique. 
'Conversion' ouvre la seconde moitié du disque avec l'épure. La première partie du titre est planante et l'atmosphère y est sereine jusqu'à l'explosion et l'envolée. Nick Cave scande, la chorale soutient et habille une montée lyrique du plus bel effet. Plus loin, orchestrale et délicate, 'Cinnamon Horses' offre un panorama de toute beauté. La voix se fait déchirante et donne à l'ensemble une émotion à fleur de peau. Les violons tombent en goûtes d'une pluie céleste alors que les cloches retentissent. Un passage d'une grande intensité.  Plus traditionnelle 'Long Dark Night' est une ballade crépusculaire qui par la voix de son auteur en fait un classique immédiat. Cette seconde moitié de l'album est moins émotionnelle mais garde le cap sur la beauté des mélodies simples qui touchent. 'O Wow O Wow (How Wonderfull She Is)' est une ballade chaloupée douce et chaleureuse accompagnée par la voix de la regrettée Anita Lane récupérée sur le répondeur de Nick Cave. Hommage à une amie...  'As The Waters Cover The Sea' est l'épilogue à un retour inspiré pour NICK CAVE AND THE BAD SEEDS qui transcende son Art. Le groupe a retrouvé une cohésion et une lisibilité. 'Wild God' est un beau disque qui contient des moments épiques, des passages extra ordinaires qu'on n'avait plus croisé depuis des lustres. La beauté et la lumière transperce cet album qui regorge d'une sensibilité rare. Nick Cave ramène les Bad Seeds au centre du débat et l'auditeur retrouve la fougue et l'envie. 

- Olivier Pierre HANS-LEONELLI - 


mardi 3 septembre 2024


EINSTURZENDE NEUBAUTEN
'Rampen apm : Alien Pop Music'
double cd / double vinyle
[ Potomak ]


Véritable légende de la musique avant-gardiste, EINSTURZENDE NEUBAUTEN officie et mute dans son propre art depuis maintenant 44 ans. D'un accident et 'Kollaps' en 1980, à ce treizième album, les allemands de la déconstruction ont traversé bien des époques dominant fermement cette création qui n'a eu de cesse d'évoluer au fil des décennies. De la genèse seul subsiste le noyau dur que forment Bargeld, Unruh et Hacke, rejoint au début des années 2000 par Joche Arbeit et Rudolph Moser.  Alors que l'aventure aurait pu s'arrêter voilà quatre ans avec 'Alles In Allem', EINSTURZENDE NEUBAUTEN a poursuivi la création, d'abord sur scène avec au cours des dernières tournées de multiples improvisations qui ont  ensuite lentement et méthodiquement pris formes en studio. 
Il en est ressorti de nombreuses ébauches dont quinze titres finalisés pour former 'Rampen apm : Alien Pop Music', treizième album studio proposé en deux actes sur un double album. La première partie forte de huit plages est plutôt passionnante. L'ensemble présente une pop mutante faite d'échos et d'expérimentations. Sorte de condensé de la carrière du groupe. EINSTURZENDE NEUBAUTEN sur plus de quarante minutes joue avec les textures, le mélodies, le bruit et les silences. 'We Lange Noch?' plutôt mélodique et progressif, laisse place aux vrombissements râpeux d'un 'Ist Ist' enthousiasmant. Plus loin 'Pestalozzi' plus aérien et plus lisible, laisse la part belle aux vocalises uniques d'un Blixa Bargeld en pleine possession de ses moyens. Un morceau d'une grand beauté qui défile comme un sombre conte venu d'ailleurs. Passant du fracas à la mélodie la plus douce de la manière la plus naturelle qui soit, 'Es Könnte Sein' est la preuve de la singularité d'un groupe qui domine son art. Sur ce nouvel album, EINSTURZENDE NEUBAUTEN prend le temps, varie les ambiances et offre de nombreuses respirations tout au long de la progression du disque.  Après le nébuleux, 'Before I Go', c'est l'enchantement avec cette pop extra-terrestre qu'est 'Isso Isso'.  Le développement et le traitement de ce morceau en font une sorte de danse sexy mutante, propice aux mouvements. Tout aussi entraînant, 'Besser Isses' donne le ton et offre à la basse vrombissante de Hacke un espace d'expression privilégié. La formation allemande n'a rien perdue de son mordant et l'inspiration reste de mise tant la musique semble jaillir sans effort. Pour finir, c'est l'expérimental 'Everything Will Be Fine' qui ferme la marche. D'abord parlé, le chant fait son apparition en milieu de morceau.
La seconde partie de 'Rampen apm : Alien Pop Music' est plus expérimentale et débute en mode nocturne avec le mystérieux 'The Pit Of Language'. Lente Progression pour composition contemporaine du plus bel effet. EINSTURZENDE NEUBAUTEN sait aussi créer de longues plages musicales aux climats changeant. 'Planet Umbra' est une longue pièce feutrée et hypnotique. Cette seconde partie consiste en un mix du passé industriel de la formation mêlé à diverses expérimentations. On passe du concret à l'abstrait, du calme à la fureur, du planant au frontal.  A l'introspectif  'Tar & Feathers' succède le brutal 'Aus Den Zeiten'. C'est aussi sans prévenir que déboule tous azimut 'Ick Wees Nich (Noch Nich)', rugueux et indiscipliné. Avant que ne s'achève cette seconde partie, EINSTURZENDE NEUBAUTEN se targue même d'une jolie ballade acoustique nommée  'Trilobiten' qui sème ici et là sérénité et mélancolie. Aussi beau qu'inattendu.  C'est un final poignant et plaintif qui raisonne au son des cloches de 'Gesundbrunnen', une fontaine de santé qui s'essoufle ? 
EINSTURZENDE NEUBAUTEN est de retour avec tout ce qui à fait son histoire. Le groupe possède un langage musical qui n'a d'autre pareil. Ses expérimentations enchevêtrés dans des mélodies étranges sont en mutation permanente. Après tant d'années de création l'intégrité reste de mise. Aussi, la richesse et la diversité des compositions et des textures demeure impressionnante  et malgré tout,  l'ensemble est homogène. Pour toutes ses raisons, EINSTURZENDE NEUBAUTEN mérite toute notre attention et divers voyage à travers ce 'Rampen apm : Alien Pop Music' pour en saisir toute la richesse. 

- Olivier HANS LEONELLI - 


dimanche 1 septembre 2024

[ CHRONIQUE ]


FONTAINES D.C
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'Romance' 
CD/LP/K7
[ XL Recordings ]


Que de chemin parcouru et à la vitesse de la lumière pour ces talentueux irlandais. FONTAINES D.C. à tout fait, vite et bien, avec aisance (apparente tout au moins). De très bons disques  et une excellente réputation de groupe de scène. Depuis leur formation à Dublin en 2014, quatre albums studio, un album live, diverses participations et même un (bon) album solo du frontman Grian Chatten. Autant dire que 'Romance' le quatrième album de FONTAINES D.C. était attendu au tournant. Changement de label et une tournée mémorable durant laquelle la majeure partie de ce nouveau disque a sans doute été créée. 
'Romance' est un disque court, moins de quarante minutes qui enchaine les titres avec une efficacité étonnante. Pourtant la fan base avait de quoi s'inquiéter à l'écoute de 'Here's The Thing' ou 'Favorite' qui clos l'album. Ces deux compositions plus grand public, calibrées pour les stades ont dérouté avant la sortie de l'album et même si elles ne sont pas mauvaises, loin s'en faut, l'identité de FONTAINES D.C. y est moins ancrée. L'hideuse pochette de l'album n'a pas calmé les anxieux.  Qu'on se rassure, FONTAINES D.C. n'a rien perdu de son talent et  après l'introductif  'Romance', le groupe dégaine la bombe 'Starbuster' excellent titre, original dans l'approche vocale et mélodiquement très fort. 'Desire', suit tout en suspension, plage atmosphérique, presque fantomatique jusqu'à l'explosion, précisant et alourdissant le propos. Un morceau qui termine tout en puissance. FONTAINES D.C. à le chic pour composer des titres simples et beaux. 'In The Modern World' est une ballade nappée de cordes qui touche dès les premières notes. Le chant est habité et lumineux. Un des beaux passages de 'Romance'. Le disque en compte quelques uns. 
La suite s'avère également de haute volée. 'Bug' est un morceau de bravoure avec des frissons dedans. Chanson épique, puissante, fédératrice au charme renversant. Absolument superbe! Après la ballade quasi acoustique 'Motorcycle Boy', 'Sundowner' véritable songe sonore, prolonge le rêve et offre le vecteur idéal pour ne plus toucher  terre. Le flottement est total, perturbé ici et là par quelques saccades. Entre pop et shoegaze, l'expérience est bénéfique et on se laisse bercer par cette plage hybride. Alors que 'Romance' se dirige doucement vers son épilogue, 'Horseness Is The Wathness' se veut être la ballade déchirante. Les violons pleurent alors que la mélodie s'étire vers une mélancolie contagieuse. C'est bien entendu touchant au possible et l'emprise est inévitable. Avant que la folie des stades ne  reprenne FONTAINES D.C., on se laisse emporter par ce noisy 'Death Kink', condensé de rock sensuel qui décroche la palme de morceau le plus cool de l'album.
Aucun doute, les talentueux FONTAINES D.C. sont de retour et n'ont rien perdu de leur superbe. 'Romance' est un beau disque de rock moderne qui n'a d'égal que leurs créateurs. Inspiré et inspirant, le groupe demeure cette créature unique que l'on aime tant !

- Olivier HANS LEONELLI -