Formé à Baltimore voilà dix-huit ans, FUTURE ISLANDS n'a cessé de gagner en notoriété au fil des ans grâce à sa musique, certains choix bien senti comme la signature sur le label 4AD et à des concerts survitaminés dominé par son frontman tout en mouvement Samuel T. Hearing. Fort de sept albums studios, le quatuor stabilisé depuis dix ans est considéré encore aujourd'hui comme une formation de synthpop. Pourtant FUTURE ISLANDS est bien plus que ça. Derrière l'immédiateté et l'apparente facilité de sa musique, se niche un véritable talent de compositeurs et de mélodistes. Rien de plus compliqué que d'avoir l'air simple. Encore une fois avec 'People Who Aren't There Anymore', nouvel album paru en début d'année, FUTURE ISLANDS nous rappelle que sa pop synthétique n'a de simple que la profondeur qu'elle dégage.
Métronomique, l'entrée en matière chemine comme une machine bien huilée. 'King Of Sweden' est soutenu d'une basse ronronnante qui donne cette tonalité si particulière, faite d'organique et de synthétique. La voix de Samuel T. Hearing comme marque de fabrique d'une combinaison assez unique. La ton est donné et l'énergie préservée. La mélodie est pour FUTURE ISLANDS aussi importante que la rythmique. 'The Tower' est simple et efficace, baigné de clarté et de vie. Il en va ainsi depuis toujours pour la formation hyper expressive autant sur disque que sur scène. 'Deep In The Night' qui suit, dégage en effet une atmosphère nocturne, presque lunaire dans son apesanteur. Promenade sereine au coeur de le nuit dans son silence et ses mystères. Un titre nébuleux et relaxant. L'introduction de 'Say Goodbye' semble ne faire qu'une avec la fin de 'Deep In The Night' et pourtant ce savant mélange disco pop est redoutable d'entrain et son pouvoir dansant indéniable. Plus loin se trouve l'hybride 'Give Me The Ghost Back', à la fois spatial et pop, la composition malgré sa rythmique et son explosion à mi parcours dégage une palpable mélancolie. Un savant dosage à l'équilibre fragile.
Alors que 'People Aren't There Anymore' arrive dans sa seconde moitié, la tendresse du nébuleux 'Corner Of My Eye' joue à merveille son rôle de trait d'union. Un moment d'accalmie avant que 'The Thief' ne relance la machine dans une explosion de couleurs. Une mélodie entêtante s'étoffe jusqu'à prendre son envol. Comme toujours, FUTURE ISLANDS livre un disque composé d'une succession de vignettes, de tempéraments variés et d'humeurs diverses formant un tout cohérent. La légèreté que dégage la musique du quatuor est aujourd'hui plutôt rare dans le monde de l'art qui inéluctablement se fait écho d'une société fragile. Le message est clair. Gardons cette énergie pour avancer. Malgré tout les textes ne trompent pas. FUTURE ISLANDS est bien ancré dans le monde actuel et conscient de son état. Le groupe nous gratifie d'un disque inspiré à l'équilibre pensé. En fin de parcours 'Fight' tempère le propos et même dans la tempérance prouve que le groupe se range du côté de l'amour. 'People Aren't There Anymore' risque de retentir une bonne partie de l'été et plus encore .
Rendre hommage à une formation dont on est fan n'est pas chose aisée surtout lorsqu'il s'agit d'honorer The Smiths et plus encore le monument de la pop culture et de la musique qu'est 'The Queen Is Dead'. Le disque est paru en 1986 en pleine ascension d'un groupe devenu culte. De plus cet album légendaire au fil du temps à développé une aura qui dépasse l'entendement. Pourtant les italiens de SPIRITUAL FRONT grands amateurs du disque l'on reprit dans une bonne moitié, agrémenté d'autres titres iconiques de The Smiths et on nommé le projet 'The Queen Is Not Dead'. Tout y est, même le détournement macabre de la pochette originale qui retrouve sa typographie et ses couleurs d'origine.
Formé à Rome à la fin des années 90 par Simone Salvatori, SPIRITUAL FRONT est considéré comme un groupe neofolk à la croisée d'un mouvement gothique romantique et de la pop classieuse de Scott Walker. 'The Queen Is Not Dead' est le huitième album du groupe et le second à paraître sur le label allemand Prophecy. Le disque ne déroule pas fidèlement ni totalement le track-listing de 'The Queen Is Dead' mais respecte scrupuleusement la base mélodique de chaque composition. Parmi les titres extraits de 'The Queen Is Dead' on retrouve aussi d'autres compositions emblématique de The Smiths. Dans la première partie du disque outre le chant de Simone Salvatori qui diffère évidemment des vocalises de Morrissey, on reste dans un classicisme presque trop respectueux de l'original.
Pourtant, soudain, la version de 'How Soom Is Now?' prend des allures de grandes plaines désertiques et une ampleur inattendue par l'ajout de cuivres chatoyants et de violons caressants qui servent une mélodie ciselée par ses auteurs. Le frisson est incontrôlable la plaisir auditif indéniable. c'est tout bonnement superbe !! 'The Charming Man', extrait du premier album de The Smiths conserve son énergie et gagne en romantisme grâce à l'ajout d'une session de cordes. La relecture de 'Girl Afraid', plus brut prend des couleurs rockabilly et emporte le suffrage, soutenue d'une section de cordes sautillantes. L'épique 'Bigmouth Strikes Again' demeure grandiose et s'échappe vers les grands espaces dans des envolées lyriques jusqu'alors inconnues. Le nouvel habillage composé par SPITITUAL FRONT offre à ces excellentes compositions une dimension nouvelle tout en respectant amoureusement ses origines. La suite est du même acabit et la version de 'Barbarism Begins At Home' enrichie d'un véritable orchestre et de percussions donnent assise et puissance au propos. Sans doute l'extravagance artistique la plus osée par SPIRITUAL FRONT sur cette exercice de style dans lequel le groupe semble finalement très à son aise. 'What's Difference Does It Make?' est de toute beauté, parée de son bel habit de cordes comme si l'en pleuvait. La vision du groupe sur la musique de The Smiths est celle d'un enlumineur qui repense cette musique sans doute comme il l'a ressent. Le final de l'album en édition simple, s'achève avec l'emblématique 'The Queen Is Dead' dans se version démo qui se voit accompagnée d'un banjo et d'un harmonica qui se mêlent parfaitement aux traditionnelles basse, guitare et batterie. L'ampleur vient de cuivres chaleureux et de violons enveloppant. Vraiment il faut être de sacrés musiciens pour jouer autant sur le fil tout en gardant parfait équilibre. c'est à la fois classique et novateur. SPIRITUAL FRONT démontre avec brio de quel bois il se chauffent et autant dire que la barre et haute et l'exigence accrue !
L'édition limitée, en dehors d'être un très bel objet formats 7' vinyle comprenant de nombreuses photos, propose également onze versions inédites dont cet instrumental orchestral de 'The Queen Is Dead' tout en violon et violoncelle. La version acoustique de 'Ask' est étonnante de douceur et joue en clair obscur entre violon, piano, guitare et voix. Il en va ainsi pour 'Bigmouth Strikes Again' qui prend des allures de ballade romantique. Totalement orchestrale 'Barbarisme Begins At Home' offre à Simone Salvatori de pauser sa voix dans un écrin de finesse. Ce second cd donne surtout l'occasion à SPIRITUAL FRONT de présenter le travail orchestral accompli pour 'The Queen Is Not Dead'. Le final est une relecture guitare acoustique et voix enregistrée en prise direct de 'How Soon Is Now?' qui offre une un très belle version dépouillée de ce titre. Pour ce projet titanesque, il fallait se donner les moyens et SPIRITUAL FRONT l'a fait. Mais il fallait aussi et surtout avoir le talent, et le résultat est sans appel. Le groupe respecte et admire profondément The Smiths mais il a ici l'intelligence et la capacité d'exister à travers ces classiques et c'est là tout la prouesse d'une telle expérience. In fine, 'The Queen Is Not Dead' est un beau et grand moment de musique.