samedi 7 septembre 2024

[ CHRONIQUE ]



NICK CAVE AND THE BAD SEEDS
'Wild God'
LP/CD/DG
[ Bad Seed - Pias ]


Après un 'Ghosteen' introspectif marqué par le deuil il y a cinq ans on attendait avec impatience la suite de l'aventure Bad Seeds. Il y a eu de nombreux projets annexes qui ont suscité différents niveaux d'intérêts ces dernières années dont plusieurs musiques de films et des passages solo ou duo accompagné de Warren Ellis, mais c'est bien le retour de NICK CAVE AND THE BAD SEEDS qui était le plus attendu. Nick Cave n'a que plus d'éclat en formation rock accompagné des Bad Seeds. Alors que dire de 'Wild God', ce déjà 18ème album studio ?! Le retour du plus grand prêcheur de tout les temps n'est pas rien et même si parfois l'homme donne l'impression d'en faire un peu trop, l'artiste est unique et nous a conquis depuis longtemps. Nick cave est conscient du monde qui l'entoure, de ces difficultés et de sa violence mais il veut croire en la beauté et la magie d'un monde baigné de lumière. C'est ce qui transparaît immédiatement au travers de ce nouveau disque. Le monde et beau, Dieu est grand et nous devons célébrer et profiter des bienfaits de ce monde. La pochette immaculée et le graphisme épuré collent parfaitement au concept de 'Wild God'. Clarté et la pureté. Autant le dire immédiatement, le nouveau NICK CAVE AND THE BAD SEEDS est lumineux et positif, ce qui n'est pas tendance en ces temps troublés.  
L'entrée en matière offre une bouffée d'air frais sur un 'Song Of The Lake' qui ouvre en grand l'espace vers une terre chaleureuse et bienfaitrice. L'ensemble est irradié d'un choeur de voix féminine gospel. La porte est grande ouverte, 'Wild God' peut commencer. C'est justement le titre éponyme qui prend la suite sur du mid-tempo du plus bel effet. Ballade douce et ensoleillée jusqu'à une envolée vers le céleste guidée de voix angéliques. Un passage beau, délicat et habité qui fait du bien. C'est un bonheur de retrouver Nick Cave en groupe sur un titre presque pop. La magie s'intensifie avec le superbe 'Frogs' tout aussi clarteux et NICK CAVE AND THE BAD SEEDS se retrouve au sommet.  La mélodie est majestueuse, la voix, un écho hors du temps et l'instrumentation est magnifique. Apothéose lorsque surgissent les choeurs célestes.  La version instrumentale du titre, inclus sur la version 45 tours met plus encore en avant la beauté des arrangements. La suite se veut plus intimiste. 'Joy', accompagnée principalement d'un piano et d'un cor, laisse totale place à une voix claire et chaleureuse. Plus qu'une ballade, l'histoire qui y est contée à des allures de cantique. On connait les croyances de Nick Cave et c'est là de recueillement dont il s'agit. Alors que 'Wild God' est à mi-parcours, 'Final Rescue Attempt' distille une mélancolie palpable, presque une tristesse latente. Une ballade désabusée, des questions et des puits de lumière habitent cette belle mélodie classique. 
'Conversion' ouvre la seconde moitié du disque avec l'épure. La première partie du titre est planante et l'atmosphère y est sereine jusqu'à l'explosion et l'envolée. Nick Cave scande, la chorale soutient et habille une montée lyrique du plus bel effet. Plus loin, orchestrale et délicate, 'Cinnamon Horses' offre un panorama de toute beauté. La voix se fait déchirante et donne à l'ensemble une émotion à fleur de peau. Les violons tombent en goûtes d'une pluie céleste alors que les cloches retentissent. Un passage d'une grande intensité.  Plus traditionnelle 'Long Dark Night' est une ballade crépusculaire qui par la voix de son auteur en fait un classique immédiat. Cette seconde moitié de l'album est moins émotionnelle mais garde le cap sur la beauté des mélodies simples qui touchent. 'O Wow O Wow (How Wonderfull She Is)' est une ballade chaloupée douce et chaleureuse accompagnée par la voix de la regrettée Anita Lane récupérée sur le répondeur de Nick Cave. Hommage à une amie...  'As The Waters Cover The Sea' est l'épilogue à un retour inspiré pour NICK CAVE AND THE BAD SEEDS qui transcende son Art. Le groupe a retrouvé une cohésion et une lisibilité. 'Wild God' est un beau disque qui contient des moments épiques, des passages extra ordinaires qu'on n'avait plus croisé depuis des lustres. La beauté et la lumière transperce cet album qui regorge d'une sensibilité rare. Nick Cave ramène les Bad Seeds au centre du débat et l'auditeur retrouve la fougue et l'envie. 

- Olivier Pierre HANS-LEONELLI - 


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