Artefacts (Reimaginings From The Original Psychedelic Era)
CD/LP
[ Cleopatra ]
23.05.23
THE KVB, duo britannique débuté en 2010 comme un projet solo est souvent décrit comme étant un condensé de shoegazing et de cold-wave, subtile mélange de guitares et de machines. Nicholas Wood compose, il est guitariste et producteur. Il interprète également la plupart de ses compositions. Kat Day arrivée en 2011 chante et joue du clavier. Depuis 2012, les disques s'enchaînent pour THE KVB à l'allure quasi tenue de un par an. On ne compte plus les formats courts et les labels avec lesquels le duo à travaillé. THE KVB a notamment publié sur A Records, la label de Anton Newcombe avec lequel il a tournée en première partie de The Brian Jonestown Massacre en Australie. Le groupe de Newcombe et THE KVB ont d'ailleurs publié un split 7' vinyle en 2013. Plusieurs parutions ont aussi été éditées par Invada Records, label de Goeff Barrow (Portishead), avec lequel ils ont enregistré à Bristol.
La dernière parution de THE KVB est conceptuelle et consiste en un album complet de reprises. 'Artefacts (Reimaginings From The Original Psychedelic Era)' est sorti en mai dernier sur le label américain Cleopatra. Il fait honneur à certains héros ou quasi inconnus des années 60 et correspond sans doute aux amours du maître d'oeuvre, Nicholas Wood. L'entrée en matière, 'I Ain't No Miracle Worker' pourrait être une chute de studio du groupe Mazzy Star dans son aspect 'cotonneux' mais consiste en une reprise du groupe garage The Bogues, véritable étoile filante du rock garage des années 60. Le titre de 1965 est ici totalement remanié en en conservant malgré tout l'essence. The Who sont aussi de la partie avec ce 'Circles' synthétisé et machiné, extrait de leur troisième album de 1966. La reprise est une véritable réussite et apporte un regard neuf sur l'originale. On reste en 1966 avec cette mystérieuse et savoureuse relecture du 'Reverberation' par 13th Floor Elevators. La suite reste fidèle dans la mélodies mais totalement novatrice dans l'habillage, THE KVB ose en effet une relecture électro goth du psychédélique 'Medication' (1966) des californiens de The Standells. Déroutant autant qu'envoûtant. Il y a peu d'évidence et encore moins de facilité dans le choix des reprises, surtout lorsqu'on croise les obscurs The Calico Wall, formation peu connue de Minéapolis n'ayant sorti que deux singles en 1967. Fantomatique et spectrale, 'I'm A Living Sickness' colle parfaitement à l'univers décharné souvent hanté par THE KVB. Transcendance totale pour 'Night Of The Long Grass' qui passe de la douce mélodie chaloupée des 60's à un blues synthétique atmosphérique. Difficile il est vrai de reconnaitre le titre de 1967 composé par The Troggs pour leur troisième album. La suite se veut encore plus confidentielle avec ce travail étonnant effectué sur leur seul titre des obscures The Groupies. 'Primitive' s'y trouve ralenti et bénéficie de relents du 'Nightclubbing' de Iggy Pop. Cette nouvelle interprétation fait d'ailleurs partie des meilleures de la liste par sa patine rétrofuturiste irrésistible. Quel émerveillement quand retentissent les premières notes du très beau 'Pictures Of Matchstick Men' (en vidéo ci-dessous) de Status Quo. La version de 1968 déjà superbe se voit magnifiée dans des envolées nettement plus lyriques et extra-terrestres. Un véritable mirage auditif...
The Pretty Things n'est pas en reste est son 'Midnight To Six Man' fait un bon de 1965 à un futur encore non atteint en 4 minutes et 54 secondes. On peine à reconnaître le rock furieux de The Pretty Things dans cette ballade atmosphérique qui plane à mille lieu loin dans les étoiles. THE KVB possède la faculté de faire sienne la musique des autres aussi différente soit elle. Le prisme THE KVB prend tout son sens sur cet album de reprises qui semble ne pas en être un, à tel point qu'on oublie le but même de cette nouvelle livraison. Le duo signe également dans les reprises énigmatiques, 'Liar, Liar'. Qui se rappel de The Castaways, groupe de rock adolescents du Minnesota qui a publié une poignée de singles entre 1965 et 1968. Pourtant, passé à la sauce 'touching-pop' façon Elli et Jacno, ce titre de 1965 prend un sens nouveau sans toucher à son essence même. La final lui, offre une version totalement réincarnée d'un titre de Them qui jouait dans la même cours que les Rolling Stones entre 1963 et 1973. Leur 'I Can Only Give You Everything' qui date de 1966, s'envole dans un espace temps nouveau, lui offrant une voyage intersidéral aussi inattendu que jouissif.
Voilà donc que pour cette nouvelle livraison et malgré le concept de 'Artefacts' et les hommages rendus, THE KVB fait du KVB, en allant droit au but, parfois même peut-être un peu facilement mais toujours inspiré. L'album contient son lot de pépites et montre tout le talent du duo qu'il joue à domicile où à l'extérieur. Un condensé de culture fortement conseillé.
[ FREUND ]
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