mercredi 8 novembre 2023

[ CHRONIQUE ]


P.J. HARVEY
I Inside The Old Year Dying
CD/LP 
[ Partisan Records ]
07.07.23


Il y a sept ans P.J. HARVEY sortait ce qui a failli être son dernier album. 'The Hope Six Demolition Project' (2016), disque âpre et engagé annonçait il déjà la couleur? P.J. HARVEY n'était à cette période sans doute pas au meilleur de sa forme et la tendance s'est confirmée. On l'a disait en panne d'inspiration, pire, en dépression, ne trouvant plus la voie où ne voulant plus faire de musique. Une chose est sûre. Après 25 ans de carrière, l'artiste avait besoin de faire la pause. Dans les années qui on suivi, P.J. HARVEY s'est faite plus discrète, se contentant de quelques apparitions sur des bandes originales. C'est finalement vers l'écriture et un projet en gestation depuis plusieurs années que P.J. HARVEY se tourne. En 2021, elle publie 'Orlam' un long poème narratif rédigé dans le dialecte de Dorset et traduit en anglais avant sa publication. On ne saura pas si c'est 'Orlam' qui a conduit à nouveau la dame du Dorset vers la musique, ou sa rencontre avec le réalisateur britannique Steve McQueen, toujours est-il qu'en 2022 P.J. HARVEY a retrouvé en elle la source de cette inspiration que nul ne peut expliquer. Après sept ans de quasi silence, 'I Inside The Old Year Dying', son dixième album est finalement paru sur un nouveau label, Partisan, en plein coeur de l'été. 
Ce disque est un véritable symbole pour l'artiste et une révolution intérieure. Musicalement c'est une renaissance dans son approche de la musique et elle tourne une page en travaillant avec un label plus indépendant et plus artisanal que Island mettant fin à une collaboration de 30 ans. Aujourd'hui, P.J. HARVEY reste une artiste passionnante pleine de surprises, plus indépendante que jamais. Même si les fans de la première heure et de l'artiste rock qu'elle a pu représenter, risquent d'être déstabilisés à l'écoute de ce nouveau disque, on est surtout subjugué par la poésie que dégage les nouvelles compositions et ce dès le décharné 'Prayer At The Gate' qui s'avère d'une grande finesse et d'une beauté sans faille. La voix haut perchée se fait angélique sur une instrumentation fragile, juste et essentielle. Les seules similitudes de cette oeuvre avec le travail passé de l'artiste se trouve dans l'austère 'White Chalk', une oeuvre piano voix paru en 2007. Tout aussi épuré, 'Autum Term se pare d'un instrumentation soyeuse soutenue d'un piano et d'une guitare gracile. L'essence même de la musique de P.J. HARVEY est ici dans son habit le plus simple et le plus honnête. Très belle et envoûtante, la composition s'éloigne dans une lueur de fin d'été. Les titres se suivent et s'enchaînent dans une unité naturelle. Le trio Flood, John Parish et P.J. HARVEY semble fonctionner à merveille, une fois encore et malgré les vides et les doutes. 'Lwonesome Tonight' sublime cette voix pure, fragile et forte à la fois. 'Seem An I', douce ballade laisse jaillir ici et là ses puits de lumière, offrant une dimension nouvelle à une composition en demie teinte. On retrouve ici le style inimitable de P.J. HARVEY. L'artiste n'a rien perdu de son essence, c'est le traitement et l'habillage de son oeuvre qui lui permet de retrouver l'ossature de son art. La magie perdure et le caractère unique aussi. Il suffit d'écouter cette merveille de moins de deux minutes que constitue ''I Inside The Old Year Dying' en milieu de parcours.  Après les expérimentations de 'All Souls', c'est avec retenue qu'on entre dans  'A Child's Question, August', qui chemine comme une marche funèbre d'une splendeur et d'une noblesse renversante. Un passage d'une très grande beauté. 
Plus léger et tout aussi merveilleux, 'I Inside The Old I Dying' libère l'esprit pour une escapade bucolique et poétique. Pouvant faire écho à la regretté Nico dans la façon de pauser la voix, 'August' qui contient des éléments du 'Love Me Tender' d'Elvis Presley est une cathédrale sonore dans laquelle raisonne une mélodie angélique. Le final lui plus électrique renvoit à la P.J. HARVEY des débuts, incandescente et agitée, rebelle et mordante. Mais tout cela n'est qu'un leurre tant le chemin vers la musique et les mots a été difficile et long et tant le renaissance est belle au travers de cette collection pure et sincère. Un disque d'art comme il en existe assez peu aujourd'hui. 

[ FREUND ]


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