lundi 3 avril 2023

[ CHRONIQUE ]


WORKING MEN'S CLUB
Fear Fear 
LP/CD/CASSETTE 
[ Heavenly ]
15.07.22



Découverts avec le très accrocheur 'Teeth' fin 2019, les WORKING MEN'S CLUB formés un an auparavant autour du créatif Sidney Minski-Sargeant nous avaient enthousiasmé avec un premier album éponyme tombé comme une météorite dans les bacs à l'automne 2020. Sur ce second opus paru à l'été 2022, le quatuor pouvant se targuer d'une parfaite parité pousse son style métissé vers des contrées plus synthétique encore. 'Fear Fear', toujours aussi agité propose dix nouvelles compositions calibrées pour le mouvement. 
'19', qui ouvre les hostilités, déploie sur plus de cinq minutes une machinerie métronomique ou saccades et nappes atmosphérique s'entrelacent avec délice dans une mélopée fiévreuse. les sirènes très 'club' de 'Fear Fear' syncopent un ensemble de sonorités enchevêtrées, parfois déstabilisantes mais toujours fédératrices dans une envie irrépressible de se déhancher. 'Widow' qui suit cette construction volontairement déconstruite est lui bien plus traditionnel dans sa composition, presque pop et mélodiquement solide, ce titre à la fois dansant et étrangement mélancolique reste en tête et donne des envies d'y revenir encore et encore. WORKING MEN'S CLUB est capable de composer des classiques instantanés et ce 'Widow', aussi immédiat soit-il, en est un. La voix lancinante  de celui qui s'en br.... du boudeur Sidney Minski-Sargeant est une valeur ajoutée au style métissé du groupe. Limite ringard, le très eighties 'Ploys' réussi la prouesse de prendre le statut de morceau important sur 'Fear Fear'. Un mix de musique de jeux vidéo 80's, d'electro et de pop. Plus léger lui et immédiat, 'Cut' est une titre de plus de cinq minutes aussi simpliste qu'efficace sur lequel plane ici et là en arrière cours  l'héritage Vangelis soutenu d'un solide habillage rock. On reste dans la dominante rock avec 'Rapture' qui offre une relecture presque techno des rifs de guitare archis classique du style. 
Autre grand moment de 'Fear Fear' , la beauté glacée de 'Circumference' qui offre aux vocaux de Sidney Minski-Sargeant des envolées salvatrices. Pop et electro, ce titre est une véritable carte de visite pour qui voudrait ouvrir en grand les portes d'un succès plus populaire à WORKING MEN'S CLUB. Après le redoutable 'Heart Attack' aux beats imparables et le mouvement qu'il impose, on plonge dans 'Money Is Mine' seul titre dispensable de l'album, sorte de succession foutraque sans véritable direction, succession d'expérimentations sur une boucle répétitive. Le final nettement plus intéressant porte logiquement le nom de 'The Last One'. Introduite par des rythmiques saccadées, l'ambiance prend de l'épaisseur rapidement avec une gravité qui s'installe et se développe tout au long des sept minutes que serpente cette superbe construction qui prend aux tripes et donne le frisson. Sorte de mélodie de la fin des temps, ce titre à quelque chose d'un opéra moderne, tragique et grave. La voix passe de lancinante à plaintive, mutant parfois jusqu'à des pleurs. C'est dramatique et beau à tomber, et les échos se cognent aux murs d'une cathédrale de sons. 
Quel final pour une second disque plus riche, plus complexe et plus construit. WORKING MEN'S CLUB a grandi et clament 'side by side, burning inside'. Tout n'est pas si 'club', tout n'est pas si rose, tout n'est pas si dansant. L'époque est sombre, la société et malade et de ces faits la musique du quatuor en est empoisonnée. Les enfants on mûris et nous font la démonstration des possibilités présentes et futures et la suite sera sans doute des plus étonnante !

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