jeudi 7 octobre 2021

[ CHRONIQUE ]


Bills & Aches & Blues
Compilation 
2CD.2LP
[ 4AD Records ]
 
 
Les têtes pensantes du label 4ad trop occupés à coller à leur époque en avaient presque oublié de célébrer les 40 ans d'un label qui fut irréprochable dans sa ligne de conduite durant presque vingt ans. L'identité même du label s'est d'ailleurs littéralement disloquée ses dernières années dans des choix de catalogue souvent douteux. Pourtant, heureusement il est parfois de bonnes surprises, surtout quand il y a regard dans le rétro. Cette compilation anniversaire qui rend hommage au quatre décennies d'un label malgré tout survivant en est plutôt une. Des racines, il ne reste guère ici que The Breeders qui partage l'ensemble des dix neuf plages de cette double compilation avec la jeune garde de 4ad
L'idée que les artistes actuelles et jeunes pousses en devenir aillent piocher dans un vaste catalogue pour en donner leur interprétation est à la base une idée intéressante et certains avouons-le surprennent positivement, offrant des relectures étonnantes et même enthousiasmantes.  La jeune Tkay Maidza synthétise une version féminine et tout en rondeur du 'Where Is My Mind' de Pixies, alors que Aldous Harding offre elle une jolie relecture tout en dentelle du 'Revival' de Deerhunter. The Breeders fidèles à eux mêmes jouent la carte de l'épure sur une version ciselé de 'The Dirt Eaters' de His Name Is Alive. L'étonnante Maria Somerville convoque l'esprit de Kendra Smith sur une reprise fantomatique de 'Sea Bird' de Air Miami. L'ensemble est à la fois singulier et original dans l'approche par rapport aux versions originales. La magie perdure du côté de Helado Negro qui reprend 'Futurism' de Bradford Cox pour son projet Atlas Sound dans une version veloutée susurrée dans le creux de l'oreille. Méconnaissable et pourtant envoûtante la recomposition du 'Gigantic' de Pixies par Bing & Ruth se transforme en une pièce de cinq minutes d'arpèges volatiles au piano. Absolument superbe. 
Comment ne pas craquer pour la vision atmosphérique de 'The Moon Is Blue' des regrettés Coloubox par Future Islands, alors que Jenny Hval joue la carte de la transformation radicale sur 'Sunbathing' de Lush qui se retrouve dans d'expérimentales méandres vocales soutenues d'une instrumentation des plus épurée. Du côté de Dry Cleaning, il aura fallu attendre que le jeune trio se penche sur la reprise de 'Oblivion' de Grimes pour entendre non plus la parlé mais le chanté de Florence Shaw. Sohn lui prend des risques en s'attaquant à la célèbre 'Song To The Siren' de Tim Buckley déjà reconnu par This Mortal Coil  via Gordon Sharp de Cindytalk il y a 35 ans. Pourtant sans révolutionner les bases, sa relecture demeure pertinente. En fin de parcours, Elena Tonra (Daughter) via son projet Ex:Re laisse flotter un filtre tout en charme sur la déjà charmante 'Misery Is A Butterfly' de Blonde Redhead qui prend là une forme languissante bien séduisante. 
De ce qui aurait pu se transformer en fourre-tout, 4ad parvient à proposer au travers d'un exercice parfois ennuyeux une jolie collection de reprises qui se laissent re-découvrir avec plaisir et parfois surprise. On est ici un peu moins loin du glorieux passé d'un label à l'identité unique qui se rappelle à notre bon souvenir via une belle initiative qui finalement fait mouche et ça fait du bien.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire