Comme il est de coutume et parce qu'on ne débute jamais mieux une nouvelle année qu'en se retournant sur l'année passée, voici le temps du bilan, musical bien entendu, et d'un point de vu bien personnel (aussi). On ne reviendra pas sur l'année sanitaire compliquée que fut 2021, laissons ce sujet à d'autres bien plus capable d'analyses et de comparaisons. Même si 2021 ne fut pas la plus quantitative des années en terme de sorties, elle fut sans conteste une année qualitative avec des disques inattendus, certains renversant, bouleversant, enthousiasmant. On n'évoquera évidemment pas ici les déceptions en concentrant nos propos sur les satisfactions que 2021 nous aura apporté. Ils sont de janvier à décembre au nombre de 13.
NOVEMBRE / LAETITIA SHERIFF - Stillness - yotanka
Comme en 2020, le premier disque à nous avoir happé est paru en novembre et c'est un disque de fin d'année qui à ouvert l'année 2021 avec brio. Aussi rare que précieuse la magnifique LEATITIA SHERIFF après cinq ans de silence, publie son cinquième album. 'Stillness' est un disque à la fois sec et âpre aux arrangements soyeux. Les mélodies sont belles et ondulantes et le chant (anglais comme toujours) est immédiatement reconnaissable scandant des textes concrets et ancrés dans leur époque. Un disque lyriquement rock qui rappel à quel point cette musicienne est importante dans le paysage artistique actuel.
JANVIER / THE NOTWIST - Vertigo Days - morr music
Annoncé par une EP au début de l'hiver, déboule en janvier après six ans d'attente le nouvel album des allemands de THE NOTWIST. On sait à quel point la formation peaufine son art avant de le livrer et ce 'Vertigo Days' en a tous les bénéfices. On retrouve l'essence d'un groupe qui avait déjà musicalement atteint la justesse d'un funambule. Sur ce nouveau disque tout n'est que finesse dans la production et la manière d'amener et d'imbriquer les éléments. Chaque écoute dévoile de nouvelles sonorités sur des mélodies ciselées et drapées de jazz ou d'électronica. L'ensemble de cette nouvelle livraison est une merveille et fait sans nul doute partie des trois sorties majeures de 2021.
MARS / ARAB STRAP - As Days Get Dark - rock action records
Autre merveille absolue à ne bouder sous aucun prétexte est le retour de ARAB STRAP. Comment un duo absent depuis 15 ans parvient à réinventer un style musical créé un quart de siècle avant? La tristesse perdure et la mélancolie gagne mais la chaleur et la rondeur sont de mise dans les nouvelles compositions. 'As Days Get Dark' sort à la fin de l'hiver et même si un septième disque est attendu avec enthousiasme par les amateurs de la formation écossaise, le choc est de taille à l'écoute de cette nouvelle collection hyper mélodique qui amène frissons et serre le coeur. Middleton et Moffat on pris de l'épaisseur et l'expérience de vie fait ici écho sur un disque cossu et renversant.
AVRIL / FRANCOIZ BREUT - Flux Flou De La Foule - 30 février
Petit bout de femme énergique et artiste dans l'âme, FRANCOIZ BREUT est l'artisan des sentiments mis en musique. La Belgique a enfanté une pierre précieuse qui sait à chacun des ses passages nous ouvrir les yeux et le coeur. Une fois encore avec ce 'Flux Flou De La Foule', nous sommes en totale séduction, là à déguster ce précieux élixir de vie. Le propos parfois grave est couvert d'un léger voile afin d'adoucir le propos. La pop épurée se fait gracieuse, onirique et parfois lumineuse. L'artiste livre un septième disque intelligent et exigeant contenant comme toujours de beaux textes qui parle de la vie avec ses désillusions, ses attentes et ses espoirs.
AVRIL / DRY CLEANING - New Long Leg - 4ad records
Annoncé par le titre instantané 'Scratchcard Lanyard', le premier album des anglais de DRY CLEANING est proposé dès le printemps. 'New Long Leg' est une claque assenée par quatre petits jeunes du sud de Londres qui jettent aux oreilles un post punk innocent et immédiat. Hyper énergique et instantanée la musique du quatuor semble jaillir d'une autre époque. Les textes expérimentaux sont scandés par la voix grave de Florence Shaw qui renvoie l'image froide d'une fille de son époque. Souvent soutenues d'une basse lourde, les compositions de DRY CLEANING sont expérimentales mais pas trop, punk mais nuancé et rock comme il faut. Sortie majeure de 2021.
MAI / GARY NUMAN - Intruder - bmg
GARY NUMAN évolue artistiquement dans un univers qu'il à construit au fil du temps, un monde pétrie de sa perception des choses. Un métissage dark, froid et désertique baigné à certains moments d'une lumière qui sait encore éclairer et réchauffer ce monde. Chaque disque de l'artiste est un petit évènement, une fenêtre dans le temps où il est possible de retourner dans son univers fait de mythes et de réalités. Avec 'Intruder' le contrat est rempli. Hyper mélodique et épique, ce nouvel album plutôt sombre autant dans la forme que dans le fond fait mouche. L'ensemble est réussi et comme à l'accoutumé 'Intruder' nous gratifie de moments de grâce absolue !
MAI / LISA GERRARD & JULES MAXWELL - Burn - atlantic curve
Les parutions de LISA GERRARD sont parfois inégales et même si son incroyable voix demeure, musicalement certains rendez-vous sont manqués. Avec 'Burn', qu'elle propose en mai dernier en collaboration avec JULES MAXWELL, ça n'est pas le cas. Produit par James Chapman, les compositions de ce nouvel album bénéficient d'une modernité toute nouvelle pour l'artiste dont la voix est vêtue d'un ensemble chatoyant et spatiale. Tout en respectant l'univers 'world' de LISA GERRARD, 'Burn' parvient à proposer de la légèreté et du rythme à des parties vocales plutôt traditionnelles. Excellent !
MAI / GUSGUS - Mobile Home - oroom
Avouons-le, chaque nouveau disque de GUSGUS est ici attendu avec impatience et voila 25 ans que ça dure. Après le réussi 'Lies Are More Flexible' il y a trois ans, ce 'Mobile Home' annoncé par le tubesque 'Higher' permettait tous les fantasmes. Lorsque paraît finalement le 9ème disque des islandais en mai dernier, c'est un ras de marée musicale. Cossu, mélodique en diable et hyper efficace, ce 'Mobile Home' couche le moindre réfractaire sur son passage. Aucun titres n'est à écarter et l'ensemble est un bonheur pour les oreilles et le corps qui sans aucune domination possible se met régulièrement à sautiller dans tous les sens. Après ces années la pop synthétique de GUSGUS n'a pas pris une ride.
JUIN / BERTRAND BURGALAT - Rêve Capital - tricatel
Artiste absolument unique, BERTRAND BURGALAT est une des fierté de la musique hexagonale. Chacun de ses disques mérite que l'on s'y plonge et s'y replonge avant d'en appréhender toute la finesse et la profondeur. C'est de la vie et des sentiments dont il s'agit ici. Sur des mélodies justes et épurées à la production impeccable, BERTRAND BURGALAT chante de sa voix singulière des textes profonds qui touchent en plein coeur. Ce nouvel album pousse encore plus loin sa vision et propose une pop très seventies à la modernité étonnante. 'Rêve Capital' renferme de merveilleux moments qui hanterons longtemps l'auditeur qui s'y aventure. Fortement conseillé.
JUILLET / BOBBY GILLESPIE & JEHNNY BETH - Utopian Ashes - silvertone records
JEHNNY BETH (Savages - John & Jehn) et BOBBY GILLESPIE (Primal Scream) sont les amants maudits de l'été 2021 armés d'un grand disque de pop classieuse en duo, un de ceux qui parle d'amours impossibles, d'amours trahis, d'amours déchirés. Le disque sort au coeur de l'été et à son écoute on pense assez rapidement aux célèbres couples Hazlewood/Sinatra ou Gainsbourg/Birkin. Musicalement 'Utopian Ashes' est un concentré de ballades folk, d'envolées pop et de rock 70's. Les réponses vocales sont harmonieuse et certaines mélodies sont d'une beauté renversante. Pari gagné pour un beau disque aux allures de classique !
JUILLET / VARIOUS ARTISTS - Bills & Ashes & Blues - 4ad records
Pour fêter les 40 ans du légendaire label anglais, chez 4ad on a l'idée de proposer une compilation de reprises de titres divers du vaste catalogue du label par les artistes actuels de l'écurie. Initiative rappelant de loin les projets This Mortal Coil dirigé de main de maître par l'ancien boss, Ivo Watts-Russell dans les années 80 et 90. Bien entendu autre époque autre résultat. Moins fouillé et plus basique cette compilation sans unité regorge malgré tout de reprises intéressantes de formations légitimes telles que Pixies, Deerhunter ou la jolie reprise du 'The Dirt Eaters' de His Name Is Alive par les vétérans The Breeders. Une curiosité qui propose son lot de jolis moments ...
SEPTEMBRE / PINK TURNS BLUE - Tainted - orden records
Après cinq ans d'absence, PINK TURNS BLUE revient à la fin de l'été avec un nouvel album studio. Le 10ème en 35 ans d'existence. La formation allemande parfois comparée aux anglais de The Chameleons construit sa musique sur une basse métronomique et une guitare dynamique offrant à la mélancolie des compositions une étonnante brisure. La voix singulière de Mic Jogwer donne à la musique de PINK TURNS BLUE sa personnalité toute particulière. Une fois encore 'Tained' répète la recette avec succès et propose des morceaux planants, mélodiques et rythmés propices autant à l'introspection qu'au mouvement.
SEPTEMBRE / SNEAKER PIMPS - Squaring The Circle - unfall productions
Après 20 ans de silence et des faux départs, les membres fondateurs de SNEAKER PIMPS, Chris Corner et Liam Howe l'ont fait. Le nouvel album du projet des années 90 est une réalité dès la fin de l'été. Un disque riche de 16 titres, une nouvelle chanteuse à la clé et une indépendance totale. Les protagonistes ont la richesse de leurs vécus et l'atmosphère générale s'en ressent. Dans l'ensemble ce quatrième véritable disque est plus sombre dans sa forme. 'Squaring The Circle' renferme quelques moments dispensables et de belles réussites. le lien entre la passé et le présent existe. Pas de rupture mais l'évolution d'une pop synthétique globalement inspirée et toujours aussi classieuse.
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