[ CHRONIQUE ]

JANE BIRKIN

Oh! Pardon Tu Dormais...

CD/CD BOOK/ LP

[ Barclay.Universal ] 

JANE BIRKIN n'a plus rien à prouver. Actrice, chanteuse et véritable icône, l'artiste la plus française des anglaises est dans le coeur de ce pays qui l'a adopté et immédiatement aimé dès la fin des années soixante au bras de Serge Gainsbourg qui sera son compagnon et mentor jusqu'à sa mort en 1991. Elle sera l'interprète des compositions de Gainsbourg et c'est à travers lui que le public découvre son brin de voix et son accent charmant. Après 1991, entourée et aimée des artistes toutes générations confondues, elle poursuit sa carrière en proposant plusieurs disques en collaboration. On note la présence de Bryan Ferry, Françoise Hardy ou Brian Molko, mais aussi Johnny Marr, Dominique A ou Beth Gibbons. Elle sortira près de dix albums entre 1992 et 2020.  A 74 ans JANE BIRKIN revient avec un disque impressionnant de justesse et de concision. Paru en décembre dernier, 'Oh! Pardon Tu Dormais' est le fruit de la collaboration de l'artiste avec Etienne Daho et Jean Louis Piérot. Un très beau travail en trio. Les musiques très 'Gainsbouriennes' dans les arrangements collent parfaitement à l'univers de Birkin qui à écrit la quasi totalité des textes. Textes parfois crus et frontaux pour une femme à l'image fragile. L'habillage des chansons avoisinent la haute couture sur de belles mélodies parfois dramatiques, parfois émouvantes ou légères. La voix de JANE BIRKIN est chantée, chuchotée en suspension ou appuyée pour des moments intimes, profonds ou à rebrousse-poils. A noter que les illustrations du livret intérieur proviennent de dessins de JANE BIRKIN.

Histoire de couple brisé, 'Oh! Pardon Tu Dormais...' ouvre le disque tout en délicatesse et en mélancolie sur une jolie mélodie qui balance, posée sur un lit de violons . On notera la présence dominante de l'instrument de prédilection de Serge Gainsbourg, le piano qui hante la majorité des compositions du disque. 'Ces Murs Epais', mélodie typique 60's très cinématographique donne au texte de JANE BIRKIN un mystère fantomatique. 'Cigarette' est un condensé de courage, traitant de la perte de sa fille, le titre repose sur une mélodie de piano bar un peu déglingué. Impressionnant d'honnêteté et de justesse. Un des sommet,  'Max' est un titre dramatique, une fuite en avant, une vengeance ; un titre musicalement orchestrale et émouvant sur lequel la voix de JANE BIRKIN est à fleur de peau. Plus loin 'A Marée Haute' baigne dans les 70's, liant le présent et le passé dans une situation d'échec, d'erreur de parcours et de ratage, d'abandon. Sur des mélodies belles et simples aux arrangements très travaillés, les textes sont souvent sombres et crus en contrepoint total de l'habillage et de la production. 

En conclusion, 'Catch Me If You Can' offre une plongé dans les années 'Mélodies Nelson' d'un Gainsbourg orchestral sur un titre grande classe à la mélodie imparable vêtue de clavecin, piano et cordes de toute beauté. Un final digne d'un classique instantané. Il est très probable que ce disque de JANE BIRKIN prenne place parmi ces plus grandes réussites, comprenant son lot de titres majuscule. Un album riche et intense qui bouleverse et emporte. Superbe !