mardi 16 juin 2020

[ CHRONIQUE ]


EINSTURZENDE NEUBAUTEN
Alles In Allem
[ potomak ]
CD.VINYLE.BOX.DIGITAL


De leur formation en 1980 à Berlin Ouest, EINSTURZENDE NEUBAUTEN n'as rien perdu de son essence. Le groupe a su évoluer dans son style si particulier et s'est sans doute aussi adouci avec les années. De leur premier album, 'Kollaps' paru en 1981 à 'Alles In Allem' (globalement), le groupe semble, presque 40 ans après, avoir une vision d'ensemble de sa situation. Une vision qui s'est faite attendre, puisqu'il aura fallu patienter 13 ans pour qu'un véritable nouvel album studio ne paraisse si l'on excepte le projet conceptuel 'Lament' paru il y a six ans.
'Alles In Allem' est le treizième disque studio de EINSTURZENDE NEUBAUTEN qui revient avec un format encore plus mélodique que ces derniers travaux (1990 - 2007). On est loin du bruit et de la fureur qui habitait les compositions au début du projet, cependant l'âme du groupe persiste et certaines sonorités familières habillent la plus part des dix nouveaux titres proposés ici. Les percussions aux sonorités singulières sont également de la partie, entre sécheresses métalliques et étrangetés non identifiables. C'est un travail en finesse, certes bien plus apaisé que ce ne le fut mais qui sait rester passionnant sur son entièreté. 'Ten Grand Goldie', titre le plus rythmé de l'album et qui demeure dans la tradition, laisse place à un ensemble dominé par des formats chansons oscillant entre passages chantés et parlés de cette voix unique dominée par un Blixa Bargeld en pleine possession de son organe. Une fois entrée au coeur de 'Alles In Allem' on est emporté, voir envoûté par le propos. Certaines expérimentations donnent de la hauteur à l'ensemble et une respiration parfois presque incantatoire. Les cordes font leur apparition sur plusieurs titres, donnant de l'ampleur et de la grâce à des passages qui peuvent faire frissonner d'émotion. 'Taschen' est de ceux là, offrant une complainte mélancolique de toute beauté. 'Seven Screws' est taillé du même bois. Mélodie ciselée aux arrangements tout en finesse pour un titre mi chanté, mi parlé par un Blixa Bargeld tout en retenue. EINSTURZENDE NEUBAUTEN semble sûr de son propos et le partage avec force sans cri ni colère. Il reste du mystère et l'expérimentation à prit le pas sur le bruit pour un contenu baigné d'un jeu d'ombres et de lumières. 'Alles In Allem' a tout d'un grand disque, méritant qu'on s'y attarde et qu'on y revienne pour en percevoir toute la finesse. le son du disque est fantastique et l'ensemble bourré de détails enrichissant encore et encore les écoutes successives. 'Wedding' qui clos quasiment le disque est une lente progression qui s'installe doucement offrant un chaloupé insoupçonné.
C'est indéniable, EINSTURZENDE NEUBAUTEN vient de sortir son disque le plus feutré depuis sa création mais aussi le plus fin et le plus envoûtant. Une onde qui si l'auditeur en a la chance fera corps, l'enveloppant doucement, aussi sûrement qu'une fleur se referme, aussi puissamment que la beauté empoisonnée peut faire perdre la raison.

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