[ CHRONIQUE ]

SWANS 

Leaving Meaning

[ young gods records / mute ]

CD . LP

Enfanté dans le bruit en 1982, SWANS, groupe américain protéiforme est mené depuis toujours de main de maître par sa tête et son âme en la personne, personnalité devrait-on dire, Michael Gira. De violence et de fureur, le groupe passe à la fin des années 80 à des constructions plus traditionnelles, plus mélodiques et plus acoustiques. Ce que SWANS ne perdra jamais tout au long de sa progression c'est l'introspection et la noirceur. Le groupe est intimement lié à son auteur et ne sera tout au long de son déploiement que dualité. De l'incandescence au pastel, de la haine à l'amour. 

Depuis la reformation de 2010, les albums qui se sont enchaînés n'ont fait qu'étoffer le propos. Des plages longues et des disques consistant, qui demandent une écoute attentive. La dernière livraison, parue fin 2019, un disque passionnant, hypnotique et habité ne déroge pas à la règle. 'Leaving Meaning' consiste en deux actes de six plages, unissant les deux passés de SWANS. Colère et mystère laissent place à douceur et lumière tout au long de la progression de ce disque exigeant. Entrée dans cette nouvelle collection est une véritable introspection, propice à la réflexion. On peut se perdre dans les couches et surcouches pour finalement parvenir à une forme de rédemption. La voix chaude et grave de Gira est parsemée plutôt que distribuée, ce qui n'en augmente que davantage le propos. Sur cet album certains invités de marque font leur apparition. Anna Von Hausswolff sur plusieurs titres, donnant de la hauteur et de l'ampleur. Baby Dee et sa voix unique, sans oublier Jennifer et Saoirse Gira, femme et fille de Michael Gira. Les deux actes peuvent être dissociés ou écoutés à la suite, offrant plus d'une heure trente de musique. Dans son entier, 'Leaving Meaning' est une grand réussite dans son esthétisme musical et graphique. Le disque est précieux, fourni, profondément humain dans ce que l'humain à de moins lisible. Les douze titres aussi différents soient ils forment un tout indissociables et l'écoute de ce nouvel album, comme c'est souvent le cas avec SWANS, est une véritable expérience. A 66 ans, Michael Gira n'a rien perdu de sa fougue et de sa force et envisage toujours la vie comme le combat de sa vérité et sa quête vers l'essence et la rédemption. Sacré album, album sacré !