jeudi 22 août 2024

[ CHRONIQUE ]


THE JESUS AND MARY CHAIN 
'Glasgow Eyes'
LP/CD/K7
[ Fuzz Club Records ]


Revigoré après vingt ans d'une pause qu'on croyait sans fin, THE JESUS AND MARY CHAIN poursuit sa seconde moitié de carrière après un 'Damage And Joy' des plus honorable en 2017. Ce 'Glasgow Eyes', annonce la tradition dans le renouveau. Sept ans ont été nécessaire à la gestation et à la conception de cette nouvelle galette. Un disque qui conserve les racines tout en aérant les terres écossaises de frère Reid.  Les douze nouvelles chansons qui ornent ce huitième disque studio sont diverses et variées. Entre noise, rock et pop avec ici et là  quelques incursions synthétiques, voir électroniques. 
THE JESUS AND MARY CHAIN d'entrée de jeu, conserve sa singularité avec le noisy 'Venal Joy' à la basse ronronnante et aux guitares acides. La suite,  'American Born' quelque peu "Bowien"  laisse place à  'Mediterranean X Film', majoritairement instrumental.  L'excellent 'JAMCOD' remet les pendules à l'heure dans un schéma classique revisité. Les sonorités extraites de claviers et autres machines offrent une dimension nébuleuse  à un titre décidemment savoureux. Plus loin, reposant sur une ligne de basse répétitive, 'Discotheque' est un des ovnis de 'Glasgow Eyes'. Sur une rythmique binaire et une voix vocodée, le titre se développe au rythme d'une guitare nerveuse et épurée sur une ritournelle enfantine. Pourtant l'ensemble fonctionne à merveille. 
Après le passage de 'Pure Poor', lourd et lévitant sur plus de cinq minutes, le rock 'The Eagles And The Beatles' fleure pourtant bon les Rolling Stones. Mélodie chaloupée et canaille à laquelle toute résistance est inutile. L'ensemble de ce nouvel album est plus épuré et THE JESUS AND MARY CHAIN ne ressent plus le besoin de construire des murs du son, véritable murs d'enceinte et joue la carte de l'épure et du détail, ce qui lui va plutôt bien. Il suffit de se pencher sur cette perle de justesse qu'est 'Silver Strings' pour en être convaincu. Métronomique, la mélodie fait mouche et les enluminures tout en finesse achèvent le travail. Les frères Reid prouvent qu'ils peuvent encore surprendre et enchanter sur des moments suspendus.
Dans la dernière partie, le vaporeux 'Chemical Animal' qui souffle le chaud et le froid dans un inéxorable tourbillon, laisse place à un instant pop dans lequel, THE JESUS AND MARY CHAIN fait là aussi preuve d'un agilité déconcertante. 'Second Of June' déploie les ailes d'une belle ballade pop colorée des plus efficace. Une parenthèse tout aussi enchantée avec, 'Girl 71', qui chatoyante se veut plus nerveuse, plus rock, plus frontale.  Véritable hommage en fin de liste, 'Hey Lou Reed' est une tirade foutraque très 70's de plus de six minutes qui achève un disque étonnant.
Le nouvel album de THE JESUS AND MARY CHAIN peut être déstabilisant dans sa forme. Conservant son essence, le groupe ouvre de nouvelles portes dans un souci de poursuivre, de garder l'esprit ouvert et de trouver de nouvelles voies d'exploration. Ce jeux dangereux mais nécessaire s'avère payant, offrant un esprit renouvelé et un disque d'une fraicheur inattendu.  Courageux et passionnant.

- Olivier HANS-LEONELLI -


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