[ CHRONIQUE ]

THE NOTWIST

Vertigo Days

CD.VINYLE

[ Morr Music ]

 

 

 

Sans doute déstabilisé par le départ d'un membre fondateur en 2015 après 'Close To The Glass' en la personne du claviériste Martin Gretschmann, THE NOTWIST a dû se recentrer et se repenser en trio pour débuter un nouveau cycle près de six ans après le dernier album paru en 2014. Défi relevé haut la main pour cette formation allemande qui en a vu d'autres en plus de 30 ans de création. Après être né dans la métal et le punk, le groupe à su muter dans les années 90 vers une pop hybride teintée d'électronica. 

Le virage entamé avec 'Shrink' en 1998 annonçait un long parcours artistique durant lequel le sillon n'allait que plus creuser la finesse et la beauté d'une musique fragile et précieuse. Avec 'Vertigo Days', huitième véritable disque studio, THE NOTWIST pousse encore son art dans ses retranchements, offrant à sa vision un panorama toujours plus chatoyant, baigné de pop et de free-jazz. Plus que jamais 'Vertigo Days' est le disque de la remise en question, brouillant les pistes et bousculant les habitudes pour procéder à une re-création. Une opération payante, tant les nouvelles compositions sont à la fois pures et riches, organiques et profondément humaines. Entre rêves et réalité floue, THE NOTWIST enchante, déstabilise et bouleverse à la fois tout au long des 48 minutes que dure le voyage. Avec la formation de Weilheim tout est question de brisures et d'étonnement. On passe de la pop au jazz sans sourciller. Certains invités apportent leur touche toute personnelle. Ainsi la présence de la chanteuse argentine Juana Molina, du groupe électro Mouse On Mars ou de la chanteuse nippone Saya donnent aux compositions de 'Vertigo Days' une coloration toute particulière. THE NOTWIST propose ici son savoir faire, son talent et son expérience pour une oeuvre très aboutie. La ballade en apesanteur 'Oh Sweet Fire' en collaboration avec le musicien Ben Lamar Gay est envoûtante, sorte de chaloupé fantomatique qui bouscule les codes et crée la rupture. Plus encore que jamais ici tout est question de détails et de puzzle. Difficile d'avoir une lecture définitive de 'Vertigo Days' en quelques passages. Il faudra y revenir encore et encore pour que la musique s'y dévoile mieux et offre toute sa richesse. L'auditeur n'en sera que récompensé de découvrir ici et là ce détail ou cette atmosphère aussi discrète qu'essentielle à l'entièreté de la musique. On conseille d'écouter le disque dans son ensemble pour profiter du voyage qui s'achève sur l'irréelle fanfare 'Into Love Again'. 

THE NOTWIST aime prendre son temps, creuser et peaufiner sa musique, casser les codes et enchainer les ruptures pour reconstruire. Le processus est celui de leur création et ce style unique que le groupe à su façonner et développer, remettre en question pour le pousser dans ses retranchements est au final une bénédiction, car le groupe vient avec 'Vertigo Days' de sortir un des plus beaux disque de cette année.