jeudi 17 août 2023

[ CHRONIQUE ]


DRY CLEANING
Stumpwork
CD/LP/K7
[ 4ad Records ]
21.10.22


Le quatuor londonien a été un véritable coup de coeur il y a deux ans avec 'New Long Leg', un premier album au style 'arty', épuré et original. Le parlé, plutôt que le chanté de Florence Shaw de sa voix plutôt grave accentuant la singularité de DRY CLEANING a fait de ce groupe une véritable découverte et a suscité un intérêt grandissant. Inutile de préciser alors que la suite était attendue et que le second album serait sans doute plus décortiqué encore que le premier. 
La critique a été unanime, il faudra désormais compter sur DRY CLEANING et le groupe qui a tourné un peu partout en Europe ne s'est pas reposé sur ses lauriers et à composé durant la tournée qui aura durée près d'un an suffisamment de nouvelle musique pour enrichir un second album. 'Stumpwork' (travail de broderie) est paru à l'automne dernier, soit à peine un an et demi après le premier. 
Dès 'Anna Calls From The Arctic' qui introduit l'affaire, on est en terre familière. Florence Shaw déclame un texte de sa voix chaude sur une musique dont la rythmique jouée à la basse se tortille sur une base froide et lancinante. Entre pop et expérimentations diverses DRY CLEANING déploie un style bien à lui que n'aurait sans doute pas renier un certain John Cale. 
Sur un mode plus enjoué, 'Kwenchy Kups' est plus lumineux et offre à la musique, cette fois, un véritable virage pop. 'Gary Ashby' (vidéo ci-dessous) conserve le même mood et offre un titre entrainant qui donne l'occasion à Florence Shaw de faire quelques pas vers le chant. On ne s'étendra pas sur la pochette de 'Stumpwork' qui présente tout ce qu'une salle de bain peut avoir de repoussant. Il faut sans doute être anglo-saxon pour en comprendre les subtilités. 
La suite est teintée de blues sur le traînant mais efficace 'Driver's Story' et retour au spoken-word qui colle parfaitement à l'ensemble. On note ici et là des éléments nouveaux dans la musique de DRY CLEANING comme dans 'Hot Penny day' qui sur l'ossature exsange, bénéficie d'arrangements plus nombreux et de sonorités nouvelles. Le résultat est réussi et on sent sur de solides bases, des mutations en devenir. A mi-parcours, 'Stumpwork' est un morceau cool, plus chuchoté que réellement parlé. Le titre progresse comme défile les paysages lors d'une ballade dépourvue de tout but. Le quatuor à décidemment le chic pour installer le climax et plonger l'auditeur dans son monde. Alors que le disque chemine doucement vers son épilogue, on retrouve après le presque rock 'Don't Press Me', excellente vignette de moins de deux minutes, le tissage batterie, basse, guitare de 'Conservative Hell' qui file à l'allure d'un cheval au galop jusqu'au break faisant basculer le tout dans le monde des rêves. Après la lente progression de 'Liberty Log' sur près de sept minutes d'atmosphères nébuleuse et floue, DRY CLEANING clot le chapitre 'Stumpwork' avec 'Icebergs', sans doute le morceau le plus tordu de l'album. Bancale et foutraque, ici tout semble déconstruit et à la mauvaise vitesse. Le groupe choisi de conclure sur le titre le moins accessible pour des raisons qui lui appartiennent, ce qui ne retire rien à la qualité du disque.
Certes, l'effet de surprise est passé, cependant,  l'important est que tous les éléments qui nous ont fait aimer la musique de DRY CLEANING soient là. Le style est maintenant fixé et l'inspiration intacte. Ce second album est bon. Il reste hors mêlée dans ce qui se fait globalement dans le monde du rock. Il n'est d'ailleurs pas vraiment rock, ni vraiment pop et sans doute pas réellement expérimental et c'est que qui fait sa force.

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