lundi 15 janvier 2024

[ CHRONIQUE ]



SUN'S SIGNATURE 
Sun's Signature (Extended)
double cd / Vinyle couleur
[ Partisan Records ]


SUN'S SIGNATURE c'est d'abord une histoire d'amour. Celle d'un couple amoureux des sons, de la musique. Celle de deux personnalités perfectionnistes. SUN'S SIGNATURE c'est Damon Reece, batteur de Massive Attack, collaborateur de Echo And The Bunnymen et de Spiritualized, associé à la voix céleste, l'iconique Elizabeth Fraser de Cocteau Twins. Le projet prend racine dès 1997, alors que Cocteau Twins jette l'éponge. L'infusion est lente et les signes d'une quelconque avancée quasi inexistant. Il aura fallu un temps 'infini' pour enfin découvrir le fruit du travail du duo sous la forme d'un EP contenant cinq titres précieux. Les connaissances et amis sont là pour aider, mais ce son surtout des pointures qui participent à la conception des ébauches créées par Reece et Fraser. On retrouve à la basse Sean Cook (Spiritualized), mais aussi Steve Hackett, le guitariste talentueux de Genesis à la fin des années 70. Alex Lee (Stranglove) est également de la partie à la guitare. Il a notamment travaillé avec Goldfrapp, Suede et Placebo. Robert Del Naja (Massive Attack) collabore à la pochette du EP. 
Une première mouture de 'Sun's Signature' paraît sur Partisan Records à l'été 2022 pour le Records Store Day au format vinyle. Elle comprend cinq titres émotionnelles et oniriques. Une seconde parution est planifiée à l'été 2023 et sera proposée en vinyle coloré et double cd. Cette seconde publication, en plus des cinq titres du EP, propose six relectures passionnées et souvent passionnantes. La première partie présente les versions originales de compositions au charme vénéneux. 'Underwater' introduit par la voix de cristal de Elizabeth Fraser accompagnée d'un simple xylophone prend vite des allures inattendues, revêtant une orchestration de fête foraine aux lumières colorées scintillant dans la nuit. La mélodie serpente soyeuse et douce jusqu'à ce que jaillisse une rythmique chaloupée parée d'un habillage ample et chaleureux qui posse vers des des contrées célestes, une musique venue d'ailleurs. Le souci du détail et la place laissée aux silences et aux vocalises de Elizabeth Fraser n'est pas sans rappeler certaines constructions chéries par Kate Bush. On est ici dans la respiration, la finesse et le développement naturelle de compositions fragiles et ciselées. Plus loin 'Golden Air' reste dans la dentelle. Un habillage tout en finesse au service d'une voix qui emplie l'espace. Et Les choses se développent doucement d'acte en acte, jusqu'au déploiement et à l'envolée qui balaye tout sur son passage d'un vent parfumé. 'Bluedusk' est une merveille de trouvailles et de détails. L'ensemble chemine au rythme d'un boléro revisité. La voix entonne une jolie mélodie d'une voix dont la pureté donne le frisson. Un passage de toute beauté ! SUN'S SIGNATURE a tout d'un projet unique. Les compositions sont simples et belles, l'orchestration sublime et l'accompagnement vocal reste toujours aussi unique. 'Apples' est sans doute le titre le plus proche de ce que Elizabeth Fraser a pu faire avec Cocteau Twins, période 'Victorialand' ou la collaboration avec Harold Budd. L'épure dans une splendeur tout en retenu. Quasi a capella, 'Make Lovely The Day' clos ce EP d'une grande richesse et d'une beauté fragile.
Les versions revues sont au nombre de six et on compte parmi les artistes s'étant penché sur ces relectures, John Grant ou Will Gregory (Goldfrapp). l'introduction repensée par la productrice Hinako Omori, 'Underwater' est plus aquatique que jamais. Elle semble avoir été enregistrée dans les remouds chaloupés d'une étendue d'eau et déroule un scenario à fleur de peau tout en suspension. L'artiste Gwenno Mererid Saunders elle, donne des allures down tempo à 'Golden Air', lui offrant un pouvoir dansant absent sur la version originale. Le respect demeure malgré tout par rapport à une version originale déjà enjouée et baignée d'un soleil matinale. La rythmique saccadée apporte une gaité encore plus évidente. SUN'S SIGNATURE se fait espiègle. La talent de Will Gregory explose dans le repensé, très 'Morriconien' 'Apples', qu'on jurerait avoir entendu dans un classique italien des années 70. Absolument superbe de délicatesse et de sensibilité. Lump, autrement dit, Laura Marling et le producteur Mike Lindsay (Tunng) s'empare de 'Bluedusk' pour en réinventer le sens, lui offrant un pouvoir effervescent. Vêtu d'un subtil habillage electro-pop le titre prend son envol et donne d'irrésistibles envies d'agitations. Décidément, cette vision nouvelle est pleine de bonnes surprises et les expérimentation de Cuts (Anthony Tombling Jr.) ne contredisent en rien ce sentiment. Solennelle et vaporeuse cette version introspective impressionne par le drame sous jacent qui y persiste. C'est à la fois beau, mélancolique et inquiétant. Sa vision est sans doute la plus personnelle des six travaux présents sur cette seconde partie du EP. C'est enfin John Grant qui ferme la marche avec sa version de 'Apples'. Très atmosphérique, 'Apples' évolue dans une douce vapeur entre rêve et réalité pour finir par décoller et enfin s'évanouir dans un clapotis électronique. 
SUN'S SIGNATURE propose une première oeuvre d'un excellent niveau qui ne fait qu'accentuer l'attende d'une suite, si suite il y a. La qualité des compositions et l'excellence de la production rendent justice à cette voix si unique et tant aimé depuis si longtemps. La matière proposée est pain béni pour les artistes qui en font des relectures dignes et de grande beauté. En tout point ce disque est à posséder, à chérir et à écouter encore et encore pour en saisir toutes les subtilités. 

# Olivier Hans LEONELLI #


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