mardi 14 novembre 2017

[ ENTRETIEN ]

TRISOMIE 21  /  Elegance Never Dies  / P.2

Une fois le divorce prononcé avec leur label, il faudra sept années avant de retrouver TRISOMIE 21 avec un nouvel album studio. De nouveau sur les rails, le groupe n'aura de cesse de se renouveler et de proposer de nouveaux titres inspirés dans ce style unique qui est le leur. Voici la seconde partie de l'entretien accordé début novembre par Philippe Lomprez où il est question de ce retour en 2004 mais plus encore de ce nouvel album miraculeux 'Elegance Never Dies', 11ème disque studio paru en début de mois. Le groupe est en tournée jusque tard l'année prochaine en France, en Europe et ailleurs.





FREUND : On vous retrouve en 2004 avec l'excellent 'Happy Mystery Child' et quatre ans plus tard avec 'Black Label', deux disques résolument rock qui prouvent que la source est loin d'être tarie. Pourtant en 2010 après la tournée, TRISOMIE 21 annonce vouloir en rester là ! Vous ne vouliez plus tourner ou vous pensiez que pour le groupe tout était dit ?

PHILIPPE LOMPREZ : Très sincèrement, nous n'imaginions pas nous produire sur scène jusqu'à un âge avancé. Nous voulons gérer notre fin comme nous avons géré notre carrière. Librement et consciemment. Après 'Happy Mystery Child' et 'Black Label', nous avions tout donné, comme à chaque fois, mais c'est plus difficile de se renouveler quand votre carrière est longue. L'idée de lasser le public nous est insupportable et le vivre sur scène doit être un enfer. En 2010, la tournée se terminait par hasard là où nous l'avions commencé, à Bruxelles. Nous nous sommes dit, arrêter là à du sens. Nous pensions peut être continuer à enregistrer mais la scène s'était fini. Seulement voilà ! La vie est un tourbillon et quand le train passe, il faut savoir monter dedans. Finalement ce sont les circonstances et le public qui montrent le chemin. Certaines personnes nous raillerons sans doute un peu mais nous ne leur en voudrons pas. Tout le monde n'est pas en mesure de comprendre. 



F : Très bien ... Parlons de ce nouvel album. 'Elegance Never Dies' est un petit miracle qui nous ravi. Quelles ont été les impulsions pour ce retour en studio et plus encore sur les routes ?

P.L. : Un ami proche, Martin Toulemonde, nous a donné envie de recomposer à nouveau courant 2016. Il a créé une synergie. Nous avons commencé à travailler et très vite nous avons senti que nous n'avions pas tout dit. L'envie ne suffit pas toujours, mais là un monde s'ouvrait. Si ne nous pensions pas avoir fait un bon album, il n'y aurait pas eu de tournée. Notre histoire ne se termine pas maintenant. Ensuite un autre ami de longue date, Olivier Lechevestrier a rejoint le projet et c'était important pour nous. Les concerts pour nous ce sont des rencontres avec les gens qui constituent notre public. Certains nous écoutent depuis longtemps. Nous nous devions d'aller au devant d'eux, même si notre passion c'est la création, le studio. Pour le live il nous fallait de plus trouver un musicien supplémentaire à la guitare et à la basse. Quelqu'un qui nous apprécie artistiquement et avec lequel on se sente en confiance. Gregg Anthe correspond exactement à ce dont nous avions besoin. Avec lui tout est fluide, presque naturel. C'est un créateur et un musicien. Le son est très important pour lui et il l'a démontré dans ses projets perso comme Morthem Vlad Art et In Broken English. Il avait fait un remix que nous avions beaucoup apprécié pour notre album 'Man Is A Mix'. C'est un mec vraiment bien que ce soit sur et en dehors de la scène. Un plus pour une tournée. 



F : Des titres comme 'Something Else' - 'During All These Years' ou 'Rebirth' sont-ils liés au vécu de ces dernières années ?

P.L. : Sans aucun doute. La meilleure source d'inspiration c'est notre capacité à regarder, à digérer ce qui nous entoure, ce que l'on vit. Nous cherchons à nous imprégner du monde. Nous passons quelquefois des années avant de trouver et de renaître. 



F : Même si en dehors de la basse et de la guitare, vous n'utilisez pas à proprement parlé d'instruments traditionnels, 'Elegance Never Dies' sonne malgré tout très organique. Vous l'avez enregistré en pensant à la tournée qui allait suivre ?

P.L. : Ton analyse est bonne. 'Elegance Never Dies' est organique. Nous voulions donner vie à nos idées et à nos compositions. Surtout ne pas sonner synthétique. Hervé utilise des machines, mais c'est lui qui leur donne vie. Elles ne nous dictent rien. Cette orientation, ce cadre était le parti pris du départ. Nous ne savions pas encore qu'il y aurait des concerts. 



F : On a vu aussi ces derniers temps que vous sembliez travailler sur d'anciens albums. Des envies de rééditions ?

P.L. : Effectivement, nous avons travaillé sur des rééditions, notamment un projet nommé 'Originally' (à l'origine). Un coffret CD incluant les 4 premiers LP remasterisés en versions originales. De plus, le label américain Dark Entries va sortir quand à lui un coffret vinyles de ces quatre premiers opus.



F : 'Over The Noisy Keys' est un des titres les plus marquant du nouvel album. Il s'y dégage force, mélancolie et majesté. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce titre ?

P.L. : Nous n'aimons pas parler d'un titre en particulier. C'est trop tôt. Nous préférons que le public le découvre, vierge de tout à priori. Chaque titre de 'Elegance Never Dies' a été enregistré et mixé comme s'il s'agissait d'un diamant qu'il fallait ciseler. Ce que je peux dire toute fois c'est qu'il est le premier titre composé pour cet album et que la basse est jouée par notre premier bassiste historique, Pascal Tison ('Le Repos Des Enfants Heureux').



F : On sait que la tournée entamée à l'automne est mondiale et devrait se prolonger jusque tard en 2018. Est-ce important pour vous de partager votre musique avec le maximum? Certains se demandent sur le sud de la France sera visité ?

P.L. : Dès le départ, notre volonté était d'être entendu par le plus grand nombre de gens. Les concerts c'est une alchimie. Si le public et l'artiste se trouvent alors c'est géant, plus qu'un partage, c'est une communion qui nous permet de nous charger de positif. Montpellier, Toulouse, Bordeaux seront visitées, d'autres peut être ...



F : Enfin, le bonheur de vous retrouver fait aussi planer la peur de vous perdre à nouveau. Peut-on espérer une suite pour TRISOMIE 21 ?  Y aura t'il une suite ?

P.L. : Certains nous enterrent régulièrement, aidé en cela par le fait que nous avons quelquefois besoin de nous retirer, mais quand le noir se fait et semble nous recouvrir pour toujours .... nous renaissons. Merci.





Propos recueillis par Freund
Merci à Philippe Lomprez
Novembre 2017

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire