mardi 28 juin 2016

[ ENTRETIEN ]

Seconde partie de l'entretien accordé par Chelsea et Usher. On y évoque l'image et les influences de NORMA LOY , la richesse et la diversité de leur univers et la place de l'album 'Attitudes' paru en 1991, soit dix huit ans avant que le groupe revienne sous la lumière.


[ NORMA LOY ]

Entretien Exclusif - Partie 2



FREUND : Concernant l'image du groupe à travers les pochettes et les textes, il semble que NORMA LOY soit à la croisée du spirituel, de l'exotisme et du sado maso. Fausse piste ? Revendiquez-vous certains de ces aspects de vos personnalités via le projet ? Peut être est-ce aussi un moyen de réveiller les consciences ?

CHELSEA : C'est tout à fait juste. Je ne vais pas m'étendre sur la spiritualité qui demanderait un développement qui outrepasserait le cadre de cette interview, je tiens juste à rappeler que pour moi la spiritualité est antagoniste avec l'idée de structure religieuse (un des instruments du contrôle). La spiritualité est une affaire.personnelle dont on peut débattre avec l'autre, qui serait part d'une Emanation Contingente (le ONE).

L'exotisme... c'est un terme qui me paraît inadéquat (et un peu réducteur) qui évoque une série de cliché typés 'agence de voyage'. Nous adorons nous plonger dans d'autres cultures, l'Asie y tient une place importante, ne serait-ce que par le biais de l'emploi de Buto (une danse d'origine japonaise) lors de nos représentations. Nous n'écoutons pas que du rock (ou apparentés), mais toutes sortes de musiques de différentes traditions et toutes ces influences se font certainement sentir d'une façon ou d'une autre.

Le SM est un sujet sur lequel je me suis très largement penché. Je considère qu'il offre une métaphore très crédible de notre société. Plus largement la dimension érotique est très présente dans nos productions. En ce qui me concerne c'est même une part dominante (n'est-ce pas?) de mon travail graphique ou photographique.



F : Si je vous dis qu'on vous a parfois comparé au duo français Die Form et pas certains aspects à la formation irlandaise Virgin Prunes, ça vous inspire quoi ?

USHER : J'ai à un moment fréquenté Philippe Fichot et son travail avait sans doute certains liens avec le nôtre, des références communes (Bellmer, Bataille, Michaux), un attrait pour la photographie érotique, pour les groupes tels que TG et la musique industrielle. Toutefois notre musique n'a pas grand chose à voir avec celle de Die Form, nous sommes davantage des héritiers du punk, du psychédélisme mais aussi de la première vague industrielle à laquelle nous avons participé, c'est vrai.
Quand aux Virgin Prunes, à part quelques titres (pas forcément enregistrés), nous ne sommes guère aventurés vers le 'théatre musical' qui les caractérise.



F : Dans l'univers sonore de NORMA LOY, on passe souvent de la furie à la plénitude. C'est un peu ça votre vision de qui nous sommes et d'où nous venons ? Nous sommes tantôt douceur ou violence, obscurité ou lumière ?

U : Souvent nos chansons décrivent des moments passionnels ou paranoïdes, des sentiments océaniques ou des ressentis de colère ou d'horreur. Au moment de 'Sacrifice', les titres souvent évoquaient cela.
Pour 'Baphomet' nous parlons d'un au delà du ressenti ou de la pulsion, d'un mystère propre au rêve, mais aussi nous abordons le mouvement politique du monde, les lignes de fracture et les drames absurdes qui signent la folie des hommes. Nous observons la fin d'une époque et l'avènement de dieux obscurs. 'Apocalypse', 'Altamont', '13 Novembre', parlent de cela. Et puis, il y a des titres plus intérieurs où se sont invités nos souvenirs - ces moments intimes qui nous constituent en tant qu'Usher & Chelsea - ('Je me Rappelle), et des fragments d'histoires amoureuses ('Les Fleurs', 'Love And Fears', 'Heroin') passés au filtre de la subjectivité et des associations d'idées. 
Sur 'Baphomet', nous sommes véritablement parvenus à obtenir le son auquel nous aspirions depuis longtemps, en puissance, profondeur et clarté. Nous avons travaillé longtemps sur les titres, nous avons peaufiné les voix, les arrangements. Le mixage et le mastering avec Paul Fiction nous a permis de contrôler tout le processus, comme jamais auparavant.

C : C'est le principe du Yin/Yang. Il est très présent sur ce dernier album.



F : 'Attitudes' en 1991 marque un tournant dans votre musique. C'est un album plus accessible, voir pop. Etait-ce une volonté de votre part ou un un processus naturelle pour le groupe à ce moment là ?

U : Ce fut une volonté de notre part, un retour vers le psychédélisme, et un processus naturel car notre créativité à toujours suivi plusieurs voies distinctes. Au fond, le côté 'pop' était déjà présent dans 'Shiny Dream' ou 'Dance Of Darkness' et 'P Body' par exemple. Ce fut également un album lors duquel Chelsea et moi nous sommes retrouvés après l'enregistrement difficile de 'Rebirth'. Nous avons pris plaisir à créer, à composer et enregistrer les titres que nous avons mixés seuls. 'Attitudes' est un album très accompli dont nous sommes très fiers, et notre déception a été à la hauteur des espérances que nous avions nourries à son égard. 
D'autre part, on oublie souvent qu''Attitudes' n'était pas qu'un album 'pop' puisqu'on y trouve de l'electro industriel dans 'Willpower', 'Ghost Rider', le punk indus 'Psychic Altercation' ou la procession mystique 'Big Night'. Et les thèmes évoqués dans les chansons sont les mêmes que ceux des albums précédents.



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