lundi 4 novembre 2013

[ CHRONIQUE ]

NINE INCH NAILS
Hesitation Marks
columbia 2013

À peine l'intro passée, Trent Reznor joue cartes sur table : 'I'm just a copy of a copy of a copy everything I say has come before...' (Copy of A). Cet aveu, qui vaut pour beaucoup, lui sied à vrai dire parfaitement. Depuis 1999 pour être précis, NINE INCH NAILS est une copie de lui-même. "Pretty Hate Machine" en 1989 avait tout inventé, "Broken" en 1992 le transcendait, avec "The Downward Spiral" en 1994 Reznor se permettait de tout réinventer, et "The Fragile" en 1999 l'autorisait à asseoir son génie. Parce que c'est indiscutablement de génie dont il s'agit. S'en sont ensuite suivi 14 ans pendant lesquels seule sa motivation fut à la hauteur de son manque d'inspiration, Reznor sortant pas moins de quatre albums de NINE INCH NAILS et un du projet de son épouse, How To Destroy Angels, faisant fî des majors et s'essayant à toutes les formes de marketing viral. Et si l'écoute de chacun résonnait comme autant de réminiscences, rappelant l'esprit et le son de l'œuvre originale, aucun d'entre eux ne parvenait à réaliser ce que parvient aujourd'hui à faire "Hesitation Marks". 

Ce disque permet enfin à Trent Reznor de se remettre en selle et de reprendre là où il s'était "arrêté", l'air de rien, sans ne donner la moindre impression d'être en retard, décalé, ou essoufflé. L'album est même parfaitement en avance sur son temps, il s'aligne sur l'esprit de groupes tels The Knife, Depeche Mode, ou The XX, tout en gardant sa patine "crade" et "vicieuse" si personnelle et si addictive , ici subtilement rafraîchie. Affranchi de ses sonorités métal dont on n'avait cure et de ses lassantes embardées ambiant, NINE INCH NAILS a fait d'"Hesitation Marks" l'album que l'on attendait, celui que l'on ne pensait plus Reznor capable de faire. Aucun disque n'a jamais réussi à associer autant noirceur et intelligence que "Pretty Hate machine", et 24 ans plus tard, Trent Reznor, qui a le double de l'âge qu'il avait à l'époque, s'il est en apparence moins en colère, reste toujours aussi tourmenté et pas moins inventif. Des titres comme 'Came Back Haunted', 'Satellite' ou encore 'While I'm Still Here' n'ont (presque) rien à envier à 'Head Like a Hole', 'The Day The World Went Away' ou 'Hurt'. Il aura juste fallu rester patient.


Christophe Labussière  (prémonition)

 

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